OUZOU - La maison de la Culture de Tizi-Ouzou rend hommage, du 14 au 15 mars, à Mouloud Feraoun, l'une des icônes de la littérature algérienne assassinée il y a 49 ans (15 mars 1962), par la sinistre organisation de l'armée secrète (OAS). En souvenir de l'homme et de son œuvre, un programme a été établi en vue de retracer la vie et le parcours de l'enseignant, le pédagogue et l'écrivain que fût l'auteur de "Le fils du pauvre", roman autobiographique articulé autour du personnage central "Fouroulou", garçon typique de la Kabylie qui l'a vu naître. Une exposition-vente de romans, dont notamment les classiques de Feraoun, est montée, en la circonstance, par les Maisons d'édition "Enag" et "El Amal". Une table ronde, consacrée à l'homme et à l'écrivain, sera animée par des chercheurs et universitaires, en présence d'Ali Feraoun (son fils). L'occasion donnera lieu, également, à la présentation des travaux du concours de la meilleure illustration du texte de l'écrivain tiré de son roman fétiche "Le fils du pauvre", réalisés lors de la 3e édition du salon du livre "Djurdjura". Une cérémonie de recueillement et de fleurissement de la tombe du romancier est prévue dans la journée du mardi en son village natal de Tizi-Hibel, sur les hauteurs de Beni Douala, à une vingtaine de kilomètres du chef lieu de wilaya. Le tout sera ponctué par la projection d'un film documentaire sur Mouloud Feraoun, réalisé par le cinéaste Ali Mouzaoui. L'histoire a retenu que c'est le 15 mars 1962, à quatre jours de la signature des accords d'Evian, que furent assassinés l'écrivain Mouloud Feraoun et cinq de ses compagnons par un commando de l'OAS. Ce jour-là, l'auteur de "La terre et le sang", ainsi que cinq de ses amis Ali Hamoutène, Salah Aoudia, Etienne Basset, Robert Aymar et Max Marchand (tous inspecteurs de l'enseignement), ont été mortellement criblés de balles par une horde sanguinaire de l'OAS, qui firent irruption dans une salle du château royal de Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger, où ils tenaient une réunion de travail. Triste destin que celui d'un homme qui, à la veille de son assassinat, le 14 mars, écrivait à ses camarades : "si mon ordre de mission n'est pas annulé, je dois être avec vous le 20 mars", propos transcrits dans son journal qu'il tenait quotidiennement. Mais il est écrit qu'il n'écrira point la page du jeudi 15 mars 1962. "La terre et le sang", "Le fils du pauvre", "Les chemins qui montent" et "Le journal", sont les œuvres majeures de ce talentueux romancier qui considérait que "les fouroulou indigènes" n'ont que l'instruction comme alternative pour échapper à la dure condition de leurs ascendants d'être Fellah ou immigré. Mouloud Feraoun naquit le 8 mars 1913 dans une famille modeste de paysans, au village de Tizi Hibel des Ath Douala, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. C'est en son village natal qu'il reçut les premiers rudiments de l'instruction, avant d'obtenir, en 1928, une bourse pour le collège de Tizi-Ouzou, et d'être reçu, en 1932, au concours d'entée à l'école normale supérieure de Bouzareah (Alger). Il se maria avec sa cousine Dahbia en 1935.