15 mars 1962 - 15 mars 2010 ; il y a quarante ans de cela disparaissait tragiquement l'illustre écrivain Mouloud Feraoun, lâchement assassiné à Ben-Aknoun par la sinistre organisation terroriste de l'OAS en compagnie de ses cinq collègues, tous inspecteurs de l'éducation et des centres sociaux, en l'occurrence Ali Hamoutène, Salah Ould-Aoudia, Max Marchand, Robert Eymard et Marcel Basset. Et comme l'exige le devoir de mémoire, il y avait foule hier matin aux cimetières M'douha de Tizi Ouzou puis à Tizi-Hibel où l'on a procédé à des cérémonies de recueillement fort émouvantes sur les tombes de Ali Hamoutène et Mouloud Feraoun, et ce, en présence des parents des deux martyrs, des proches, des admirateurs et de nombreuses personnalités de la culture et des lettres ayant pris part la veille à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou au colloque international consacré à la vie et l'œuvre de l'écrivain algérien. Lors de la cérémonie de recueillement au cimetière de Tizi Ouzou, l'émotion était difficile à contenir car les membres des deux familles Hamoutène et Feraoun, associées depuis toujours dans la douleur et l'amitié, avaient bien de la peine à contenir leurs larmes devant la vieille tombe du chahid Ali Hamoutène qui côtoie désormais son fils aîné Me Ahmed Hamoutène décédé tout récemment, le 11 février 2010 plus précisément, à l'âge de soixante-deux ans, lui qui s'est souvent battu aux côtés de son ami d'enfance Ali Feraoun pour défendre bon an mal an la mémoire des six victimes de l'OAS à Château-Royal, non loin de Ben-Aknoun. À l'occasion, le même Ali Hamoutène eut bien du mal à trouver les mots nécessaires pour exprimer sa douleur et celle de toute sa famille près d'un demi-siècle après le crime odieux de la sinistre OAS de Susini et la récente disparition de son ami de tous les temps et de tous les combats, Ahmed Hamoutène. Après Tizi Ouzou, le long cortège se dirigea vers Tizi-Hibel, le village natal de Mouloud Feraoun pour une autre cérémonie de recueillement tout aussi émouvante sur la tombe du célèbre écrivain, lui aussi rejoint dans son repos éternel par son conjoint, depuis l'année dernière. Après le rituel dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de l'écrivain, l'on eut droit à plusieurs prises de parole émanant de la part de Ali Feraoun et de Mohamed Hamoutène, le fils cadet de Ali Hamoutène, qui ont souligné à l'occasion la grande solennité et la forte symbolique de ce triste anniversaire qui, à l'époque, avait touché dans sa chair l'Algérie tout entière et profondément bouleversé tout le monde intellectuel en Algérie et à l'étranger. Et l'émotion fut à son comble lorsque les membres de l'association culturelle Mouloud-Feraoun de Tizi-Hibel rejoignirent ensuite le cimetière du village pour se joindre à la cérémonie et se recueillir fièrement à la mémoire de celui qu'on appelle familièrement et respectueusement Da L'Mouloud Nath Chabane. Tour à tour, le directeur de la culture Hadi Ould-Ali, le président de l'association Mouloud- Feraoun et le cinéaste Ali Mouzaoui, auteur du film sur Feraoun, ont aussi pris la parole pour situer l'importance de l'évènement tout en rappelant que la 10e édition du Festival national du film amazigh, qui devait s'ouvrir hier soir à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, était aussi dédiée à la mémoire de l'auteur du Fils du Pauvre. N'est-ce pas que Fouroulou méritait un aussi bel hommage !