Les médecins résidents contestataires gagnent en rigueur et en ténacité. Ils ont entamé hier un second débrayage de trois jours. Piquet de grève, obstination dans la défense de leurs revendications et menace de recourir à une grève illimitée dès la semaine prochaine. Ils étaient nombreux, hier en matinée, à scander leurs slogans et afficher leur détermination, dans les hôpitaux de la capitale et dans plusieurs autres villes du pays. A l'hôpital Mustapha Pacha, ils étaient plus de 1000 résidents entre médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes. Dès 9h30, la placette de l'hôpital commençait à se remplir de contestataires. Une marche a été improvisée suivie d'un sit-in dans les jardins de l'hôpital. Petite nouveauté révélatrice : les barrières qui empêchaient d'habitude le stationnement autour de la place ont été enlevées comme pour restreindre l'espace habituellement occupé par les résidents lors de leurs sit-in. Mais pas seulement : les arroseurs automatiques ont également été actionnés pour la première fois. Mais rien n'à faire. Les grévistes sont motivés, malgré les déclarations des deux ministères concernés par cette crise, (ministères de la Santé et celui de l'Enseignement), annonçant une ouverture incessante au dialogue. «Après instruction du ministre, le Doyen de la faculté de médecine d'Alger nous a reçus jeudi et il s'est engagé à répondre à toutes les revendications qui relèvent de l'enseignement supérieur. Mais tant que le service civil n'est pas suspendu, nous poursuivrons notre grève», explique le docteur Mohamed Toufik Yelles, délégué de l'hôpital Mustapha. L'abrogation de tous les décrets et lois relatifs au service civil, que ces médecins considèrent comme «une mesure discriminatoire et inutile», est justement une condition sine qua non à l'ouverture de la négociation. Le doyen de la faculté de médecine d'Alger, qui est le président de la conférence des doyens des dix facultés de médecine du pays, s'est engagé à suspendre les examens intervallaires ainsi que la prise en charge de la révision du statut du résident, mais pas un mot sur le service civil. Le ministre de la Santé a tenté de calmer la contestation, de son côté, jeudi dernier, auprès de certains délégués du collectif autonome des médecins résidents, initiateur de ce mouvement, lors de sa visite à l'hôpital de Kouba. «Il a promis de nous recevoir le 23 ou 24 mars pour discuter de toutes nos revendications, explique un résidents gréviste, mais au même moment où il faisait cette annonce théâtrale, une note a été transmise à tous les directeurs des hôpitaux donnant instruction de procéder à des défalcations sur les indemnités des résidents grévistes.» De ce fait, les résidents grévistes, les médecins autant que les pharmaciens refusent de céder aux intimidations et aux effets d'annonce trompeurs.Leur réponse : une menace de grève illimité dès la semaine prochaine, si aucune suite n'est donnée à leurs requêtes, principalement celle relative au service civil. En attendant, leur grève de trois jours se poursuivra jusqu'à mercredi.