Si la défaite du parti présidentiel UMP est patente, comme sont notables les bons scores du Parti socialiste, de la gauche et des écologistes, les regards étaient fixés dimanche soir sur le parti d'extrême-droite qui engrange les meilleurs résultats électoraux de son histoire France, de notre correspondant La France est sortie exsangue de ce nouveau scrutin cantonal. Les résultats sont en trompe l'œil, comme si tout était vrai, et tout était faux. Qui a gagné, qui a perdu? Les mines n'étaient pas enjouées dimanche soir. Même le parti socialiste vainqueur de ce vote avec 25% des suffrages ne pavoisait pas vraiment, faisant profil bas, malgré qu'il soit largement en tête. Seule Marine Le Pen exultait. Après avoir succédé à son père Jean-Marie Le Pen en janvier, la présidente du Front national, pouvait se prévaloir de 15% des suffrages (avec des pointes dans certains cantons à plus de 30% de voix, voire 35%), à seulement deux points de l'UMP (parti présidentiel) qui atteint péniblement 17%. Le parti de Nicolas Sarkozy qui croyait peut-être gagner quelque fraîcheur après sa décision d'intervenir en Lybie, est plus que refroidi, au point, et en certains secteurs, d'être laminé. Au second tour qui se déroulera dimanche prochain, les électeurs devront dans plusieurs cantons départager le candidat de gauche et celui du parti raciste et xénophobe de Marine Le Pen. Suscitant des réactions outrées à droite, dont celles du premier ministre François Fillon, et la ministre Valérie Pecresse, le premier responsable de l'UMP n'a pas lancé de consigne de faire barrage au FN, contrairement à la règle républicaine qui avait toujours prévalu jusqu'à présent. Ce n'est pas étonnant de la part de Jean-François Copé qui a jusqu'au bout tenté de récupérer les voix du FN en propulsant un débat sur l'islam, comme l'avait fait avant lui Nicolas Sarkozy depuis 2007 en voulant instrumentaliser les thèses d'extrême-droite, avec l'échec patent qu'ont sanctionné les électeurs dimanche. La plupart des ténors de la gauche, tous partis confondus ont pour leur part clairement appelé à empêcher toute élection de conseillers généraux (départementaux) du parti d'extrême droite, quitte à voter pour la droite traditionnelle là où auront lieu des duel UMP-FN. Pour quelques sièges, la donne sera d'autre part un peu plus compliquée le 27 mars puisque trois candidats resteront en lice : le PS, l'UMP et le FN. Par le passé ces triangulaires ont toujours été favorables à la gauche qui pourrait non seulement récupérer des sièges, mais peut-être des départements dans son escarcelle.
Le Front de gauche, coalition du Parti communiste et du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon s'en tire bien, prouvant la capacité de cette union à gauche du parti socialiste à mobiliser. Avec 9%, le mouvement tient à la route. Par contre, les écologistes d'Europe Ecologie Les verts (classés à gauche) ne surfent pas sur la vague du tsunami japonais, et se maintiennent à 8%, même s'ils obtiendront quelques sièges supplémentaires. L'autre enseignement enfin de ces élections cantonales tient à la faible participation. Seulement 46% des électeurs se sont déplacés pour ce renouvellement de la moitié des conseillers qui siègent aux assemblées départementales. Dimanche prochain, le second tour sera riche d'enseignements pour l'avenir politique français marqué à l'automne par les sénatoriales, et en 2012 par la présidentielle.