Les résultats du scrutin cantonal de ce dimanche en France devraient confirmer la perte d'influence de la droite au pouvoir, au bénéfice de la gauche d'opposition, mais aussi et surtout de l'extrême-droite. Même s'il s'agit d'un vote local, sans incidence sur la vie nationale, les observateurs sont attentifs à ce qui est considéré comme le début du compte à rebours avant les sénatoriales de septembre prochain, et la présidentielle de 2012. De notre correspondant en France L'avenir politique se jouera en partie dimanche lors du scrutin cantonal alors que le président Sarkozy est au plus bas dans les sondages et le Front national au plus haut, selon les derniers sondages, dont les derniers n'ont pas été publiés. L'état des lieux est assez paradoxal. Tout le pouvoir national français (Assemblée nationale, Sénat et présidence de la République) est tenu en France par la droite depuis 2002, alors que les institutions locales sont majoritairement à gauche, après la victoire aux municipales de 2008, l'emprise de 58 départements sur 100 aux précédentes cantonales, et de toutes les régions (sauf l'Alsace) aux régionales de 2010. Un vrai laminage pour le parti majoritaire de Nicolas Sarkozy et ses alliés dont la puissance diminue de scrutin en scrutin. C'est dans cette perspective bien ancrée désormais que se profile ce dimanche le premier tour des élections cantonales, le second tour ayant lieu dimanche 27 mars. La moitié des élus départementaux doit être renouvelée. Le dernier sondage officiel, paru le 14 mars donne la gauche largement en tête et il se pourrait qu'elle emporte de nouveaux départements, dessinant les contours d'une France rose. Rose, mais aussi noire, puisque le Front national, revigorée par Marine Le Pen, fille du fondateur du parti d'extrême-droite, promet une « vague bleue marine », une vague plutôt bleue foncée, très foncée. On lui attribue 15 % pour ses candidats (ce pourrait être plus encore), un taux suffisant pour créer des triangulaires redoutables, à gauche et à droite, voyant ainsi émerger les premiers conseillers généraux du Front national. Dans certains départements, comme le Nord-Pas-de-Calais ou encore les Bouches-du-Rhône, le FN pourrait créer la surprise en arrivant en tête. Enfin, dernière donnée, qui fait suite au cataclysme nucléaire japonais, les écologistes, réunis sous la bannière Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV), pourraient bien dépasser les 9% des sondages, et devenir un pôle incontournable dans les futures relations avec le Parti socialiste, pour la prochaine présidentielle et les législatives qui suivront. Une manifestation anti nucléaire est organisé aujourd'hui dimanche dans plusieurs viles, dont la capitale, avec une influence possible sur le comportement des électeurs.
Les résultats des cantonales, s'ils confirment une poussée à gauche, détermineront les élections sénatoriales de septembre prochain qui renouvelleront la moitié de la chambre haute du Parlement. La désignation des sénateurs en France se fait par les grands électeurs, à savoir les élus locaux (conseillers municipaux, généraux, régionaux…) Or, les précédentes victoires de la gauche à l'échelon local ont augmenté le vivier de ses élus. Il manque 21 sénateurs à la gauche et ses alliés (Verts, communistes) pour espérer obtenir la majorité, une première depuis 1947. Il n'est pas certain que ce score soit atteint, l'équilibre sénatorial sera de toute façon bousculé par le nombre conséquent de nouveaux élus de gauche. Cela rendra difficile les derniers mois du mandat du président Sarkozy qui peine à convaincre, malgré sa percée diplomatique vendredi sur le dossier libyen, et le début de l'opération militaire qui a débuté samedi, et que beaucoup de Français critiquent déjà sur les pages de discussions des sites de presse.