Des dizaines de familles, dans la wilaya de Tizi Ouzou et dans autres régions du pays se voient refuser la transcription des prénoms, d'origine berbère, choisis à leur nouveau née au niveau de l'état civil des APC. Motif officiel : Les prénoms berbères ne figurent pas dans la nomenclature certifiée des prénoms arrêtés par le ministère de l'intérieur. A cet effet, le président de l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou, en réponse aux sollicitations de nombreuses familles et associations, interpelle le ministre de l'intérieur, M. Ould Kablia. Et ce, à l'effet «de faire appliquer l'article 5 du décret 81-26 du 7 mars 1981 portant établissement du lexique national des prénoms qui prévoit la possibilité d'actualiser, tous les 3 ans de la liste des prénoms inchangée depuis 1981». Dans sa lettre, le P/APW souligne : «Cette situation d'injustice porte atteinte à un droit élémentaire qui est le libre choix du prénom à donner à son enfant». Parmi ces parents qui dénoncent cet état de fait, l'universitaire et ancien militant de la cause berbère, Saïd Doumane. Cet ancien détenu politique des années 1980, écrit dans une lettre de dénonciation : «Tel le phénix renaissant de ses cendres, le déni identitaire dans notre pays refait régulièrement surface. La berbérophobie ancrée dans les mentalités et certaines institutions officielles n'a pas pris fin en 2002 avec la reconnaissance constitutionnelle du fait amazigh». Dénonçant «un déni identitaire» après le refus des autorités locales d'inscrire le prénom berbère choisi à son petit fils Maksen, l'universitaire se veut septique quant à la volonté de l'Etat, à travers ces pratiques, de promouvoir les dispositions prévues pour la promotion de la langue et la culture amazighe en Algérie. A ce propos, il s'interroge : «Le décor constitutionnel est loin d'avoir arrêté le processus d'extinction programmé de l'identité berbère. Etait-ce son objectif ? Ainsi en 2011, trois décennies après le «Printemps berbère» de 1980, donner un prénom berbère à un nouveau-né à Tizi-Ouzou relève encore du parcours du combattant».