Le président de l'Assemblée populaire de willaya de Tizi Ouzou, Mahfoud Belabbès, vient d'adresser une missive au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia. L'objet de cette correspondance du 13 mars dernier est relatif au rejet des services de l'état civil des communes de la wilaya d'accepter d'inscrire les prénoms berbères donnés à des nouveau-nés par leurs parents. Ainsi, M. Belabbès s'est vu dans l'obligation de saisir les hauts responsables suite aux doléances et interpellations dont il fait objet quotidiennement de la part des citoyens, mais aussi des représentants du mouvement associatif de la région, concernant la liste nationale des prénoms. «Beaucoup d'enfants qui naissent dans notre wilaya ne sont pas prénommés parce que les parents ont choisi des prénoms qui ne figurent pas dans cette liste. Des prénoms pourtant authentiquement algériens puisqu'ils font partie de l'histoire millénaire de notre pays», peut-on lire dans la correspondance de Belabbès, qui enchaîne : «Je fais notamment allusion aux prénoms amazighs.» S'agissant de la loi, il y a lieu de préciser que la liste nationale des prénoms est régie par le décret n°81-26 du 7 mars 1981 portant établissement du lexique national des prénoms. Mais le paradoxe est dans l'application des articles que contient cette loi ! En effet, dans son article 5, cette dernière prévoit la possibilité d'actualiser tous les trois ans la liste. D'ailleurs, l'expéditeur de la missive en direction du département d'Ould Kablia n'a pas omis de le signaler. Or, ce qui est constaté à ce jour, c'est que la liste disponible actuellement au niveau des mairies date de 1981. «Cela n'a pas été le cas depuis sa promulgation et j'en veux pour preuve les listes actuellement disponibles au niveau des APC qui datent toutes de l'année 1981», justifie encore le signataire de la même correspondance. Enfin, Belabbès laisse entendre que par cet entêtement et ce laisser- aller des responsables du département de l'Intérieur, un droit élémentaire est en train d'être bafoué en haut lieu. «Cette situation d'injustice porte atteinte à un droit élémentaire, celui du libre choix du prénom à donner à son enfant», dit-il, avant d'ajouter qu'il s'agit d'une «problématique qui peut être solutionnée sans grande difficulté pour peu que les pouvoirs publics y mettent de la volonté». La volonté dont parle le premier responsable de l'APW de Tizi Ouzou, n'est autre, en effet, que celle d'appliquer une loi de la République, et ce, quand il écrit : «C'est pourquoi je vous demande d'user de vos prérogatives pour faire appliquer les dispositions du décret en question.»