L'Afrique reste toujours autant menacée par la pauvreté et le chômage, et ce, en dépit des signes de reprise économique observés ces dernières années et ses performances de croissance reconnues par les institutions financières internationales. Réunis à Addis Abeba la semaine dernière à l'occasion de la réunion du Comité des experts des conférences conjointes de la commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), les délégués africains se sont notamment inquiétés de l'inégalité persistante de la croissance entre les pays et les sous-régions de l'Afrique, constatant que ce sont les pays exportateurs de pétrole qui enregistrent les croissances les plus fortes par rapport aux pays importateurs. Le rapport présenté lors de la réunion sur l'évolution récente de la situation économique et sociale sur le continent et dont la presse étrangère a rapporté le contenu, a relevé que «c'est la première fois qu'on assiste à une reprise économique aussi forte (en Afrique)», grâce aux efforts déployés par les pays du continent pour la mise en place de «bonnes politiques budgétaires, qui ont enrayé le cycle de baisse induit par la crise économique mondiale». Ainsi, en 2010, l'Afrique a connu un taux de croissance moyen de 4,5% contre 2,3% en 2009. Il devrait atteindre 5% environ en 2011, selon Abdoulie Janneh, secrétaire général adjoint de l'ONU. Sur le court terme, les perspectives sont bonnes en dépit de la hausse du chômage et la crise de la dette souveraine de certains pays africains. Les experts de la CEA s'attendent à ce que l'Afrique soit la région qui connaisse la meilleure croissance dans le monde en 2011. Les mêmes experts africains ont cependant relevé certaines insuffisances par rapport aux retombées réelles de cette croissance qui «ne s'est pas traduite par une baisse du chômage et la pauvreté dont les taux ont atteint respectivement 18% et 63% en 2010», selon eux. Cela s'explique notamment par «une faible transformation économique», alors qu'une augmentation des investissements étrangers directs en 2010, notamment dans les industries extractives de même que les investissements publics, sont notés. Cette croissance, qui ne s'accompagne pas par une création d'emplois, reste une «question préoccupante», car elle menace la stabilité des Etats africains, ont estimé les experts de la CEA.
D'autant plus préoccupantes que M. Janneh a prévenu que «bien que les taux de croissance projetés pour 2011 soient supérieurs à ceux atteints en 2009 et 2010, ils seront en général inférieurs à ce qu'ils étaient avant la crise et demeurent sujets à différents risques et incertitudes». Mais le chômage n'a pas été la seule question préoccupante au menu des experts de la CEA qui ont également fait le constat d'une faible réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). «Il nous reste 4 ans avant la fin du délai (pour réaliser les OMD) qu'il faudrait respecter», a noté un expert du Burkina Faso. Il a proposé de mettre en place un programme spécial avant la fin 2011 pour la réalisation de ces objectifs en définissant des sous-objectifs, comme la réduction de la faim et le nombre de personnes vivant sous le seuil du taux de pauvreté car très peu de pays ont fait des progrès pour la réalisation des objectifs fixés. Abondant dans le même sens, un expert de l'ONG Oxfam a proposé aux pays africains de mettre en place un «plan accéléré pour avancer plus rapidement dans la réalisation des OMD, et ce, en encourageant les pouvoirs publics à multiplier leurs efforts, notamment en termes de santé. Rattraper le retard est possible étant donné que la volonté politique existe», a-t-il souligné. Ces propositions vont servir pour la rédaction des rapports qui vont être soumis aux ministres africains lors de la quatrième réunion conjointe de la Conférence des ministres de l'Economie et des Finances de l'UA et de la Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, qui se tiendra du 28 au 29 mars dans la capitale éthiopienne.