La suspension, le 26 novembre dernier, du secrétaire général du syndicat des Douanes, Ahmed Badaoui, de ses fonctions par Sid Ali Lebib a révélé au grand jour la sournoise lutte de leadership qui s'est installée, ces derniers jours, au sommet de l'UGTA. La réunion, hier à Alger, de la Fédération des finances a confirmé cette situation. Elle a été une occasion, en effet, pour les secrétaires généraux des syndicats des banques publiques, des compagnies d'assurances, Ahmed Badaoui, et le responsable de la Fédération des finances, M. Zouaoui, de clouer au pilori Salah Djnouhat, secrétaire national chargé de l'organique à l'UGTA, et certaines unions de wilaya accusés de « bloquer le renouvellement des structures ». Le réquisitoire en règle dressé à l'encontre du chargé de l'organique de la centrale syndicale apparaît ainsi comme un chèque en blanc signé à Sidi Saïd. Des sources proches de la centrale syndicale affirment que celui-ci est gêné par les ambitions de son secrétaire à l'organique qui, dit-on, se voit déjà propulsé à la tête de la première organisation syndicale du pays. Il est à rappeler, à ce propos, que l'UGTA prévoit de tenir son 11e congrès en février prochain. Il est reproché également à Salah Djnouhat de ne pas se soucier suffisamment des problèmes auxquels sont confrontés actuellement des syndicalistes sur le terrain. Aussi, organisée pour faire le point sur les revendications socioprofessionnelles et les préparatifs du Congrès arabe des finances, l'essentiel de la réunion a fini par être consacré au débat sur « le cas Badaoui ». Les syndicalistes affiliés à cette fédération étaient, en effet, unanimes à condamner les agissements du DG des Douanes, mais aussi « la complicité de certains responsables hiérarchiques de la centrale syndicale ». SYNDICATS PARALLÈLES « La suspension de Badaoui est une honte pour l'UGTA. A travers ce fait, c'est l'organisation elle-même qui est visée », a déclaré M. Zouaoui. Ce dernier a déploré, de surcroît, la position du secrétariat national de l'UGTA, en le qualifiant du « plus mauvais depuis 1975 ». C'est Ahmed Badaoui, victime de la suspension, qui révèle « les graves manœuvres qui s'opèrent au sein du syndicat à l'approche de son 11e congrès ». « Salah Djnouhat m'a promis de prendre les commandes de la Fédération des finances lors du prochain congrès », a-t-il affirmé avant d'évoquer son licenciement. Ahmed Badaoui a haussé le ton pour déplorer le silence de ses camarades dans le secteur. « J'aurais aimé que la fédération et mes camarades dans le secteur soient solidaires avec moi. Malheureusement, je n'ai rien reçu de leur part », a-t-il signalé. Selon lui, le DG des Douanes n'a pas agi seul, mais il y a deux secrétaires nationaux qui l'ont soutenu. Et M. Zouaoui de répondre : « J'étais chargé moi-même par Sidi Saïd de rédiger une lettre au DG des Douanes lui demandant la réintégration de Badaoui. Je lui ai transmis la lettre en tant que responsable du secteur, mais sans suite. Le problème sera pris en charge par le secrétaire général de l'UGTA. » La Fédération des finances, selon lui, soutient Badaoui et exige sa réintégration. Un autre problème a été également soulevé. Il s'agit de tentatives de création d'organisations syndicales parallèles. Pour M. Zouaoui, « les structures syndicales actuelles, certes sans mandat, sont encore représentatives jusqu'à la tenue des conférences de renouvellement de leurs directions respectives ». Dans la foulée, le responsable de la fédération et les syndicalistes ont interpellé Sidi Saïd pour accélérer l'opération de renouvellement des structures. « Nous sommes avec Sidi Saïd et nous lui demandons de lever les blocages mis sur l'organisation des conférences de renouvellement des structures », a lancé avec véhémence Zouaoui. La réunion d'hier devra être sanctionnée par l'élaboration d'un rapport, dont lequel seront mentionnées les actions à mener pour le traitement des différents problèmes. Un rapport qui sera rendu public aujourd'hui.