L'OTAN a pris, hier, le commandement de toutes les opérations en Libye, succédant à la coalition multinationale alors qu'El Gueddafi a subi un revers après la défection de son ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa. «Jeudi matin à 6h GMT, l'OTAN a pris les commandes des opérations aériennes internationales en Libye», a annoncé le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen. «L'alliance a tous les moyens en place pour remplir ses missions sous le chapeau de l'opération «Protecteur unifié» : l'embargo sur les armes, la zone d'exclusion aérienne, et les actions destinées à protéger les civils et les centres urbains», a-t-il affirmé. L'OTAN a donc désormais la responsabilité des frappes en Libye jusque-là assumée par la coalition emmenée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. D'après le général Bouchard, une centaine d'avions et une douzaine de navires ont été placés sous ses ordres. «L'OTAN se concentre sur la protection des civils et des zones d'habitat civil contre des attaques», a souligné M. Rasmussen, en s'appuyant sur la résolution 1973 des Nations unies. La Belgique, la France, le Canada, le Danemark, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Norvège et les Etats-Unis estiment que cette résolution leur donne le droit de continuer à cibler les forces libyennes qui menaceraient les populations. Des pays, comme les Pays-Bas et l'Espagne, n'ont en revanche pas donné à leurs avions l'autorisation de prendre part à des frappes. Certains comme la Turquie et la Roumanie ne participeront qu'à des forces navales. D'autres enfin, notamment l'Allemagne et de petits pays alliés, sont totalement absents, même s'ils contribuent aux états-majors permanents de l'OTAN. Celle-ci avait commencé la veille à assumer le contrôle partiel des opérations. Ce qui a conduit le général Bouchard à annoncer l'ouverture d'une enquête pour vérifier que l'alliance n'avait pas été impliquée dès mercredi dans des raids qui auraient pu faire des victimes civiles, à la suite d'informations de presse. Le transfert à l'OTAN devrait permettre aux USA de se mettre en retrait, conformément aux vœux du président Barack Obama, soucieux de ne pas trop impliquer son pays dans une autre expédition militaire, l'Afghanistan réclamant déjà toute son attention et l'Irak n'étant pas stabilisé. Coup dur pour EL Gueddafi Les Européens pourront cependant compter sur les Américains pour leur fournir «à la demande» des moyens – notamment en matière de renseignement et de brouillage – qui leur manquent, a expliqué un diplomate. Interrogé sur la présence d'hommes des forces spéciales britanniques et américaines sur le sol libyen rapportée par des médias londoniens et new-yorkais, il s'est refusé à faire des commentaires. Toutefois, a-t-il dit, l'OTAN prendra les renseignements que lui communiqueront les alliés «d'où qu'ils viennent».Au plan politique, El Gueddafi a subi un revers avec la démission de son ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, une des principales figures du régime, annoncée à son arrivée mercredi soir à Londres, après un bref séjour en Tunisie. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a prédit «l'effondrement du régime» d'El Gueddafi après cette défection. Elle révèle que le régime «s'effrite», selon un porte-parole des rebelles libyens à Benghazi. A Tripoli, le porte-parole du régime a confirmé la démission de Moussa Koussa, affirmant que la Libye «ne dépend pas d'individus», et qu'elle ne sera pas affectée par cette défection.