L'entrée en scène de l'alliance atlantique figure, en priorité dans les plans de la coalition fragilisée par les réticences du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et les réserves de l'Allemagne. Elle l'est davantage par la montée en puissance de la contestation de l'Italie, partie prenante de la coalition, et d'autres pays qui ont clairement formulé leurs inquiétudes sur la finalité et le mandat de l'opération menée à l'initiative de Washington, Paris et Londres. Des voix dissonantes se font entendre au sujet du commandement que plusieurs pays souhaiteraient voir confier à l'Otan. « L'Otan jouera un rôle » dans la nouvelle phase militaire en Libye, a affirmé Obama. L'Italie, réclamant que « le commandement des opérations passe à l'Otan » et la Grande-Bretagne se déclare favorable au rôle de contrôle des opérations. Le Premier ministre danois a rejoint le camp des atlantistes. « Nous souhaitons côté danois que l'Otan joue un plus grand rôle. Il y a des discussions en cours là-dessus. Mais l'important est que l'opération soit commandée et elle est commandée par les Etats-Unis en attendant qu'une autre solution soit trouvée », a déclaré, hier, Lars Loekke Rasmussen aux journalistes. Mais, pour des motivations différentes, Paris et Ankara se sont opposés à cette option. Si, pour les Français, l'implication de l'Otan risque de remettre en cause le ralliement arabe, la Turquie exige tout simplement des clarifications sur les plans de l'Otan. « Nous évaluons notre contribution. Notre position de principe est que nous ne chercherons jamais à pointer un fusil sur une nation amie dans un contexte de combat », a précisé, à la chaîne CNN, le chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu. Sous le commandement et le contrôle de l'Otan, « une large contribution internationale, dont celle des pays arabes » a été défendue par Obama et le Premier Ministre turc, Recep Tayepp Erdogan. Washington, qui prépare sa retraite du bourbier irakien, réussira-t-elle à convaincre le couple franco-britannique, en pointe de l'opération de passer la main ? La guerre de leadership qui agite le camp irrédentiste ne fait que commencer. Pour le secrétaire général de l'alliance, Anders Fogh Rasmussen, l'organisation atlantique se prépare à valider ses plans militaires pour contribuer à la zone d'exclusion aérienne. Les conditions auxquelles l'Otan contribuerait à une zone d'interdiction aérienne avaient été, selon lui, «définies de manière claire». Tout indique, en fait, que le blocage turc a été définitivement levé. A l'issue de la rencontre des 22 de l'Otan, le feu vert a déjà été donné, en prélude à l'exécution des plans militaires planifiés depuis des semaines, pour la mission de contrôle de l'embargo sur les armes à destination de la Libye.