Alors que 300 000 personnes en Algérie sont épileptiques, cette maladie demeure non connue. Ses manifestations (crise, convulsions, bave aux lèvres, etc.) sont qualifiées de simple crise. Pourtant, les spécialistes ne la réduisent pas seulement à ces symptômes. Ils considèrent qu'il s'agit d'un véritable problème de santé publique qu'il faut prendre sérieusement en charge. C'est du moins ce que recommande le professeur Arezki, président de la Société algérienne de neurologie, dont les travaux du deuxième congrès s'ouvriront aujourd'hui à la bibliothèque du Hamma à Alger et ce jusqu'à demain. Une rencontre qui verra la participation d'une trentaine de neurologues marocains, 20 tunisiens, 9 français et 200 algériens venus du territoire national. Les deux thèmes retenus pour cette rencontre maghrébine, à savoir l'épilepsie et les maladies musculaires héréditaires qui touchent également les enfants constituent, d'après Pr Arezki, deux pathologies importantes qu'il faut examiner. Ces spécialistes tenteront de réfléchir à établir un consensus thérapeutique au niveau maghrébin. L'épilepsie, qui est l'affection neurologique chronique la plus fréquente, touche particulièrement les enfants à l'âge scolaire, selon notre interlocuteur. Une personne sur deux cents est touchée par cette maladie. Elle est synonyme d'angoisse pour les malades craignant la survenue d'une crise. N'importe quand. N'importe où. Le sujet sera au centre des débats lors de ces deux journées. Il est question, selon Pr Arezki, de faire le point sur ces pathologies, débattre des actualités thérapeutiques et opter pour les approches thérapeutiques les plus intéressantes. Pour le Pr Arezki, ces journées sont d'une grande importance dans le sens où elles seront sanctionnées par des recommandations que ce soit pour le diagnostic, le traitement ou la prise en charge. Des propositions qui seront par la suite soumises à l'autorité de santé, le ministère de la Santé. Le travail effectué lors du premier congrès ayant pour thèmes la sclérose en plaques et les maladies vasculaires cérébrales qui s'est tenu en 2003 à Tunis sera rendu public à l'occasion de cette rencontre maghrébine. Ces deux pathologies lourdes, explique Pr Arezki, nécessitent une attention particulière du fait de leurs complications et le coût élevé de leur prise en charge. Concernant la sclérose en plaques qui touche l'adulte jeune - 15 000 personnes au Maghreb, dont 5000 en Algérie -, Pr Arezki affirme qu'à l'issue du premier congrès, une série de propositions a été retenue, à savoir un consensus maghrébin de prise en charge. Pour Pr Arezki, il est clair qu'il faut adopter des règles strictes de prescription et s'assurer du diagnostic. Il signale qu'il y a une alternative thérapeutique qui coûte très cher et qui retarde d'une manière importante cette maladie handicapante, mais elle ne peut être prescrite pour toutes les malades. « Ce ne sont pas toutes les formes de la maladie qui nécessitent ce traitement », indique-t-il. Pour ce qui est des maladies cardiovasculaires cérébrales qui tuent cinq fois plus que les accidents de la route, Pr Arezki estime qu'il est temps de réfléchir à une politique de prise en charge et de prévention secondaire pour traiter les facteurs de risque. La mise en place d'unités de « stroke » de prise en charge d'accident vasculaire cérébral est vivement recommandée.