Estimation n Plus de 300 000 personnes sont épileptiques en Algérie, un nombre qui risque de se multiplier en l'absence d'un plan national pour la prise en charge de cette maladie. L'épilepsie est l'une des maladies neurologiques les plus fréquentes dans notre pays et touche principalement les enfants avant l'âge de 18 ans. Elle se manifeste, explique Pr Masmoudi ,chef de service de neurologie à l'hôpital Maillot (Bab-El-Oued), par des crises, pertes de conscience, convulsions, bave aux lèvres... etc. «C'est une maladie qui risque de constituer un vrai problème pour la santé publique, si les autorités ne prennent pas les mesures idoines pour sa prise en charge. Il faut que l'épilepsie soit dépistée le plus tôt possible pour que le médecin puisse agir beaucoup plus efficacement dans son traitement», préconise notre interlocuteur. Quand une personne fait des crises d'épilepsie trois ou quatre ans avant son dépistage, cela constitue un grand danger car le cerveau se détériore. «Pour les enfants de moins de quinze ans, cette situation cause des problèmes énormes comme l'inadaptation scolaire. Si l'enfant fait de l'épilepsie, cela va bloquer le développement de son cerveau et cela peut même causer des paralysies.» L'épilepsie est synonyme d'angoisse et de peur constante pour les malades qui craignant la survenue d'une crise à n'importe quel moment. L'épilepsie est aussi l'objet de nombreuses pratiques du charlatanisme dans plusieurs régions du pays où les gens recourent à la Roqia, à des «potions magiques» ou plutôt aux amulettes prescrites par des personnes malhonnêtes, dont le seul objectif est le gain facile. Le professeur Masmoudi qui reconnaît l'existence de cette «réalité des plus amères» appelle les citoyens à prendre conscience de leur état de santé et à mettre un terme aux pratiques archaïques aux conséquences fâcheuses. Les citoyens doivent donc savoir que le charlatanisme leur fait perdre des chances de guérison. «Le traitement de l'épilepsie est parfaitement codifié. Il est hors de question de traiter cette maladie par des plantes, par la Roqia ou des potions, ou avec des amulettes. Ce charlatanisme fait perdre à l'enfant la chance d'être traité par un spécialiste et d'être guéri.» L'insuffisance de la couverture médicale par des spécialistes dans plusieurs régions du pays ne permet pas d'avoir des statistiques fiables concernant l'épilepsie. «Il faudrait qu'un effort soit fait pour prendre en charge correctement les malades dans les différents coins du pays. Ce n'est pas difficile car il suffit d'avoir deux à trois spécialistes de neurologie par wilaya pour régler le problème de l'épilepsie.» Le rôle de la médecine scolaire est aussi primordial pour le dépistage précoce de la maladie. «98% de nos enfants sont scolarisés et lorsque l'épilepsie est dépistée à temps au niveau des établissements scolaires, la majeure partie des enfants épileptiques seront pris en charge convenablement.» Evoquant les principales causes de l'épilepsie, notre interlocuteur affirme que le facteur héréditaire ne dépasse pas 10% de l'ensemble des cas. L'accouchement difficile et sans assistance médicale constitue la principale cause. La partie la plus fragile dans le nouveau-né est le cerveau. Si cette partie est éteinte au moment de l'accouchement, cela sera à l'origine d'une épilepsie. Il y a aussi les maladies de la mère (hypertension et diabète notamment) qui vont inévitablement retentir sur le fœtus, explique encore notre interlocuteur.