Le wali d'Alger, mis à rude épreuve avec les mouvements de protestation à répétition, dérogera-t-il à l'habitude consacrée en s'abstenant de s'exprimer devant les élus ? Une session ordinaire de l'APW devrait se tenir au cours la première quinzaine de ce mois. Comme le veut l'usage, le wali ou son secrétaire général, peuvent faire un discours à l'ouverture de la session. Le wali déroge souvent à l'ordre du jour, préférant embrayer sur l'actualité des Algérois. Mohamed Kebir Addou s'est ainsi appesanti sur les mouvements de protestation qui ont marqué la capitale depuis le 21 octobre 2009 à Diar Echems.Lors de son intervention à la session APW ordinaire de mars 2010, consacrée à la présentation du dossier formation professionnelle, insertion des jeunes et emploi, en mars dernier, le wali est revenu sur le mouvement de protestation au quartier Zaâtcha, tout en annonçant une opération de relogement (10 000), lancée en mars de la même année. Qu'en est-il pour la prochaine session ? Deux «dossiers» seront étudiés à l'occasion de la session ordinaire d'avril : la jeunesse et la culture. «Ce sont les élus qui ont proposé les deux thèmes. Contrairement à l'ancien mandat 2002-2007, les élus ont voulu se réapproprier leurs prérogatives en organisant le débat autour de plusieurs thèmes, pas seulement la discussion et l'approbation des budgets primitifs et supplémentaires», se réjouit un élu. Moins convaincu, un autre soupçonne derrière ce choix une volonté de «coller» à l'actualité. «Le P/APW, apparatchik du FLN et ancien de la mouhafadha de Bab El Oued, est lui-même un ancien des mouvements de masse, l'UNJA, en l'occurrence. Il voudrait par cette session marquer son passage en revenant sur la situation de la jeunesse qui constitue souvent le gros des émeutiers dans les quartiers populaires. Il faut toujours rendre service à la clientèle et faire des promesses aux jeunes. L'administration de la wilaya a participé à l'élaboration de l'ordre du jour», constate un habitué des couloirs de l'APW, qui affirme que la session était prévue pour mars, mais l'administration en a retardé la tenue. Le wali d'Alger, mis à rude épreuve avec les mouvements de protestation à répétition, dérogera-t-il à l'habitude consacrée en s'abstenant de s'exprimer devant les élus ?Le wali, d'après des échos de l'assemblée, ne peut faire l'impasse sur la situation dans la wilaya. «La loi n'oblige pas wali à intervenir, mais la situation sociale et sécuritaire est telle que le premier responsable de la wilaya doit intervenir et rassurer la population. Des émeutes sur les logements et des protestations corporatistes se déroulent dans sa wilaya, il ne doit que s'exprimer. Il pourrait éventuellement annoncer d'autres programmes de relogement, d'ailleurs à l'arrêt depuis quelque temps», prédit un ancien élu FLN. Plusieurs observateurs s'étonnent par ailleurs du «manque d'entrain» de l'assemblée de Ben Aknoun (siège de l'APW). «Les élus ne lancent aucun débat, ni sur le logement ni sur l'insécurité ou le manque d'équipements ou encore l'urbanisme et l'absence d'hygiène. Ces mal-élus se soucient comme d'une guigne de la situation des Algérois. Les directeurs ne sont jamais mis devant leurs responsabilités», regrette notre interlocuteur. «Des arrangements partisans et des intérêts personnels ont bloqué le travail de cette assemblée devenue une boîte de résonance qui ne sert plus à rien, sauf à enrichir ses membres», tranche un responsable d'une association qui assiste, souvent, aux sessions de l'assemblée dans la salle de l'ex-CPVA à Asselah Hocine.