Avant-hier, le hall de l'hôtel Hilton d'Alger s'est transformé en jardin, pas anglais mais algérien. Et pour cause ! C'est l'œuvre d'une «horticultrice», Soraya Habbès. Ne ressemblant guère aux autres. Une «jardinière» qui n'a pas peur de se voir… en peinture. Soraya Habbès, contre toute attente, un médecin vétérinaire et diplômée en marketing, qui a une passion dévorante : la peinture. Et ce, depuis dix ans. Aussi, depuis le 1er avril, ce n'est pas une blague, l'hôtel Hilton accueille sa toute première exposition picturale publique. Ses deux précédentes expos étaient «domestiques», chez-elle, à la maison. Car n'ayant pas la chance d'exhiber ses œuvres dans une galerie. C'est que Soraya Habbès est réservée et timide. L'exposition proprement dite est intitulée «Couleurs en folie». Ainsi, le visiteur se retrouve emporté et transporté dans un univers pictural floral et jovial. Un maelström de couleurs. Du coup, c'est sa saison «d'enfer». Son printemps ! «Je suis une coloriste. J'adore toutes les gammes de couleurs. Inconsciemment, au début, c'est une esquisse spontanée. Et puis, à la fin, c'est une harmonie. C'est extraordinaire ! Le style est un compromis entre l'impressionnisme et l'expressionnisme. Et puis, c'est gai… Je suis fascinée par Van Gogh et ses couleurs crues et vives. C'est mon maître…». Une collection de 25 œuvres déclinant un empâtement d'une grande délicatesse féminine et emplie de poésie. La preuve ! Les tableaux foncièrement aquarelles — hormis un pastel et une toile à l'huile — sont éloquents et d'un souffle saisonnier : «Iris, Eternelle vestale», «Reflet de rose», «Tournesol», «Œillets dans le vent», «Feuille de vigne», «Danse du corail», «Ondes de cœur», «La vie en bleu», «Mirage», «Paradis perdu», «Caresse», «Seul au monde», «Passager du désert», «Quintessence», ou encore «Eveil printanier»… «Atours» majeurs Le trait pictural de Soraya Habbès n'est pas prétentieux du tout. Au contraire ! Un affranchissement. Et de surcroît, une estampille latente. Une certaine sensualité et féminité. «Il y a de la sensualité dans les mouvements, les courbes et autres contours. Ce sont des états d'âmes différents. C'est gai, joyeux, triste… Vous savez, j'ai envie de passer à autre chose. Faire des portraits. Du nu féminin dans un bain (maure)…». A propos de sa passion pour la peintre, elle confiera : «C'est une passion qui date depuis dix ans. J'avais vu une tante réaliser de très beaux tableaux. Des fleurs, des paysages…Aussi, suis-je tombée éperdument éprise de la peinture. J'ai suivi des cours chez un artiste peintre. J'ai appris à mélanger les couleurs. J'étais libre. Je me suis exercée en faisant des copies de Monet, Manet ou encore Van Gogh. Mais par la suite, je me suis défaussée de cet exercice de style obligé. Et ce, en imprimant un style personnel, personnalisé et affranchi…». Caution américaine En tant qu'artiste peintre, Soraya Habbès n'a pas de tic ou toc, cette coquetterie picturale. Sinon, elle est matinale. «Je me lève à 5h du matin et suis devant mon chevalet. Et ce, jusqu'à 11h. Je peins dans le silence. Je préfère qu'on ne me parle pas. Je suis concentrée. Sinon, je perds le fil de l'inspiration… Après, je me sens libre et libérée. Je me sens très bien. C'est un exercice mental ! Cela n'est guère physique du tout… ». Cependant, elle a un faible et une «faiblesse» pour un tableau plus particulièrement. Celui intitulé «Les raisins de la colère», conçu avec ses tripes et rage. «Ce tableau a été conçu avec des coups de pinceau énergiques. Ce sont des coups d'épée…», commentera-t-elle. Présentant Soraya Habbès, Leila Boukli, journaliste et grande dame de la radio et télévision, écrira : «Sa peinture, une caresse lyrique et sensuelle. Un hymne à la vie, fait d'espoir et de beauté, fragile et éphémère». Ainsi que la précieuse caution d'un critique d'art américain étant tombé en arrêt devant ses tableaux : «C'est très beau et recherché.». Des superlatifs qui ne peuvent que l'encourager. Soraya Habbès mérite amplement que ses toiles soient montrées dans des galeries. Ce qui est sûr, sa peinture est fragrance car olfactive et odorante et sentimentale car fleur bleue ! Hôtel Hilton, Pins Maritimes-Alger. Jusqu'au 30 avril, exposition picturale intitulée : «Couleurs en folie» de l'artiste peintre Soraya Habbès.