Des employés des directions de l'urbanisme et de la construction (DUC), et leurs collègues des directions du logement et des équipements publics (DLEP) des 48 wilayas ont organisé, hier, un sit-in devant le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme à Alger. Ils étaient plus de 2000 fonctionnaires à répondre à l'appel de la Coordination nationale des travailleurs de l'habitat et de l'urbanisme (CNTHU), créée récemment pour défendre les droits des travailleurs de ce secteur. En face d'un important dispositif sécuritaire, les protestataires ont scandé et crié leur mécontentement et leur ras-le-bol par rapport à leur situation socioprofessionnelle, jugée «précaire» et «dégradante». Sur leurs pancartes et banderoles, on peut lire notamment : «Où sont la justice, la dignité et l'égalité ?», «On demande la titularisation», «Augmentation digne des salaires» et surtout «Chantier à l'arrêt, grève illimitée». «Les directions du secteur de toutes les wilayas sont représentées ici. Nous voulons démontrer au ministre qu'il y a beaucoup de mécontents parmi ses fonctionnaires», a déclaré Aït Yahia Hocine, porte-parole de la CNTHU. «Nous demandons un dialogue avec vous monsieur le Ministre. Sinon, c'est à vous d'assumer l'arrêt de tous les projets, si chers au président Bouteflika», a-t-il déclaré à l'endroit du premier responsable du secteur, Noureddine Moussa. Ce dernier, étant en visite de travail au Sud en compagnie du président de la République, a délégué le secrétaire général du ministère pour recevoir une délégation des contestataires, ce qui a été refusé par ces derniers. «Nous voulons parler directement avec le ministre sans intermédiaire», ont-ils expliqué. Ainsi, ils ont décidé de maintenir la grève illimitée et d'organiser un autre rassemblement à la même place, le 10 avril prochain. Leur principale revendication : la revalorisation des salaires. «C'est insensé, un mètre cube de béton armé vaut plus que le salaire perçu par un ingénieur en génie civil», a ironisé un jeune ingénieur de Tizi Ouzou. «On gère près de 20 milliards de centimes par mois et on ne perçoit que 20 000 DA comme salaire. C'est pour ça que la corruption ronge tous les secteurs dans notre pays», a-t-il ajouté. Pour son collègue, Gueraoui Lazhar, ingénieur en génie civil aussi, c'est un autre souci. «J'ai travaillé entre 2006 et 2010 comme contractuel à la DLEP de Guelma. Le directeur m'a licencié abusivement, sans aucune raison valable», a-t-il raconté. Dans ce sens, plusieurs protestataires affirment que «la majorité des employés de ce secteur sont contractuels ou sous un contrat à durée déterminée (CDD)». Ils réclament, donc, «la révision du statut particulier régissant ce secteur pour intégrer le maximum de fonctionnaires, notamment les inspecteurs et les subdivisionnaires (nommés dans le cadre du décret 91/225 du 22 juillet 1991), les contractuels, les vacataires et les employés en contrat de pré-emploi». Les contestataires réclament, en outre, la revalorisation du régime indemnitaire, la couverture judiciaire, l'ouverture de nouveaux postes budgétaires et la régularisation des procédures des promotions professionnelles.