Les premiers à réagir à l'article 4 de la loi du 23 février 2005 sont des historiens-chercheurs et des enseignants d'histoire accompagnés des associations comme le MRAP et la Ligue des droits de l'homme. Dans une plate-forme, des historiens spécialistes de l'histoire coloniale expliquent, quelques jours après la promulgation de la loi, pourquoi ils demandent l'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février 2005. Ils précisent : « Les historiens ont la responsabilité de promouvoir des recherches et un enseignement : qui confèrent toute leur place à la colonisation et à l'immigration, processus contradictoires comme tous les phénomènes historiques. Leur fonction leur impose de ne rien cacher ni édulcorer : le processus colonial a été vécu par les colonisés souvent dans la douleur et la répulsion, mais aussi dans l'ouverture et l'attirance pour d'autres modèles de société ; qui rendent compte de la complexité de ces phénomènes. Ce travail doit être un travail international, notamment dans le débat avec les historiens... » La publication de cette plateforme est suivie d'une pétition des historiens contre la loi publiée par le Monde du 21 mars, à l'origine d'un mouvement de protestation représentatif de la majorité des enseignants et des chercheurs. La demande d'abrogation a été faite aussi par l'Association des professeurs d'histoire et géographie, par les syndicats enseignants, par les associations telles que la LDH et la LEFP. Après la confirmation de l'article 4 par la majorité UMP de l'Assemblée nationale le 29 novembre dernier, à l'initiative de Claude Liauzu, professeur Université Paris 7, Gilbert Meynier, professeur Université Nancy II, Sylvie Thénault, CNRS, IHTP, une pétition : « Nous n'appliquerons pas l'article 4 de la loi du 23 février stipulant que les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif de la colonisation » est ouverte à signatures. Le texte souligne que c'est « une loi qui ne peut être appliquée, mais dont on ne peut obtenir l'abrogation » ; « une loi qui compromet le traité franco-algérien de paix et d'amitié en préparation, alors que des liens étroits et anciens associent les deux sociétés » ; « une loi amputant le passé des millions d'habitants de ce pays, nationaux ou étrangers, qui ne se reconnaissent pas dans cette déformation unilatérale de l'histoire » ; « une loi qui impose une histoire officielle et nie la liberté des enseignants, le respect des élèves ». « Cette loi, imposée par des groupes de pression nostalgiques du colonialisme et revanchards, nourris d'une culture d'extrême droite, est une loi de régression culturelle en ce début de XXIe siècle où toutes les sociétés doivent relever le défi de leur mondialisation, assumer leur pluralité, qui est une richesse. » • Premiers signataires : Hélène d'Almeida Topor, présidente de la Société française d'histoire d'outre-mer ; Annette Becker, professeur à l'université de Nanterre ; Pierre Boilley, professeur d'histoire de l'Afrique contemporaine Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Raphaëlle Branche, MC université Paris 1 ; Christophe Charle, professeur à l'Université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne membre de l'Institut universitaire de France directeur de l'Institut d'histoire moderne et contemporaine (CNRS/ENS) ; Jean-Pierre Chrétien, directeur de recherches CNRS, CEA ; René Gallissot, professeur émérite d'histoire contemporaine, Paris 8 ; Jean-Charles Jauffret, professeur des universités à l'IEP d'Aix, Gilles Manceron, historien, LDH ; Michelle Perrot, professeur, université Paris 7 ; Benjamin Stora, professeur INALCO ; Jean-Marc Régnault, MCF université Polynésie ; Frédéric Régent, professeur, Université des Antilles et de la Guyane... La liste complète des signataires sera consultable sur le site LDH Toulon.