Depuis plusieurs mois, de nombreux chercheurs et enseignants en histoire, leurs associations professionnelles et syndicales, soutenus par des associations antiracistes et de défense des droits de l'homme, ont demandé l'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février 2005 qui édicte que « les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif » de la colonisation. Les organisations signataires du texte demandant l'abrogation de cet article, soit Les historiens contre la loi, la Ligue des droits de l'homme, la Ligue de l'enseignement et de la formation permanente, le MRAP, le SNES, la FSU, Sud-Education 41, se sont retrouvés hier à Blois, sur les lieux des Rendez-vous de l'histoire. « Les réactions à l'étranger, en particulier en Algérie, confirment que l'article 4 a choqué. Est-ce pour cela que le ministre des Affaires étrangères a proposé de créer une commission sur le bilan de la colonisation ? Cet article encourage les réflexes nationalistes et xénophobes et conforte, par contrecoup, les partisans d'enfermements communautaires », soulignent les signataires dans un communiqué, dont El Watan a été destinataire. « Pourtant, il n'est toujours pas abrogé et le ministre des Anciens combattants insulte les protestataires en les qualifiant, dans la presse française et algérienne, de "spécialistes plus ou moins auto-proclamés" et de "pseudo-historiens" », soulignent encore les opposants à l'article 4. Ils signalent que Les Rendez-vous de l'histoire de Blois sont la rencontre la plus importante de la profession et fournissent l'occasion de débats sur l'état des connaissances et la fonction sociale d'une discipline qui a une place particulière dans le système éducatif. « C'est un moment privilégié pour informer les professeurs et le public de la gravité de ce problème. » Et aussi « le ministre de l'Education nationale, dont la présence est annoncée à Blois, est demeuré jusqu'ici silencieux sur les risques d'introduction d'une histoire, dont le contenu serait dicté par des enjeux politiques. Nous lui demandons de se prononcer et d'intervenir au sein du gouvernement pour faire abroger l'article 4 de cette loi. Cela permettra de travailler en toute indépendance, selon les règles de la méthode historique et de son enseignement, en respectant la fonction sociale de l'histoire ».