Les familles victimes du terrorisme se sentent lâchées par l'Etat ; elles ont décidé de le faire savoir, hier, lors du rassemblement tenu devant la chefferie du gouvernement. Elles étaient des dizaines à répondre favorablement au mot d'ordre de protestation. Elles sont venues de plusieurs régions du pays, notamment Médéa, Chlef, Mostaganem, Oran, Relizane, Boumerdès, Tizi Ouzou et Alger pour revendiquer un statut qui consacrerait la sauvegarde de la mémoire collective, les intérêts moraux et matériels des victimes du terrorisme et des ayants droit par les moyens de l'Etat. Les protestataires ont tenté de fermer la route menant vers le Palais du gouvernement, mais ils ont été immédiatement pris en charge par la police. Un cordon de sécurité a été déployé pour encercler et bien encadrer les manifestants. Pour la plupart des veuves ou des mères, les protestataires ont scandé des slogans hostiles au pouvoir et ont dénoncé leur marginalisation et le manque de considération. «Tout au long de son histoire, l'Algérie a toujours glorifié ceux de ses enfants qui se sont sacrifiés pour qu'elle vive. Les victimes du terrorisme islamiste ont été le rempart salvateur de l'Algérie indépendante», ont souligné les protestataires dont des membres de leurs familles ont payé de leur vie la lutte contre un terrorisme des plus barbares. Aujourd'hui, au même titre que les moudjahidine de la lutte de Libération et ceux des enfants de chouhada, ils réclament leurs droits pour la dignité. Si les mésaventures de ces victimes diffèrent dans la forme, elles sont pratiquement identiques dans le fond. Toutes revendiquent l'instauration d'une instance étatique chargée des affaires des victimes du terrorisme (ministère ou secrétariat d'Etat), comme elles exigent un statut qui uniformiserait leurs pensions et leur donnerait des droits comme les veuves et les enfants de chouhada. «Nos époux et nos enfants sont morts en chahid pour que l'Algérie ne sombre pas dans le noir et reste debout. Nous vivons une situation insoutenable et amère», s'indigne une mère de famille brandissant une banderole où l'on pouvait lire les doléances de ces familles de victimes qui traîneront à jamais les séquelles de la tragédie qu'a vécu notre pays. Les manifestants déplorent que les veuves ne perçoivent plus le salaire de leurs époux dès lors que ces derniers atteignent l'âge de la retraite, c'est-à-dire 60 ans. Pour ancrer l'esprit du sacrifice, les familles veulent que les victimes du terrorisme décédées accèdent au rang de «chouhada» et les victimes du terrorisme ayant survécu, au statut d'«invalides de guerre». Les familles victimes de terrorisme envisagent de tenir leur prochain rassemblement devant le siège de l'APN, pour exiger une réponse à leur plateforme de revendications. Si le pouvoir ne donne pas de suite à leurs préoccupations, les manifestants vont radicaliser leurs actions.