Les investisseurs étaient venus nombreux pour assister à la journée d'information consacrée au fonds d'investissement organisée par la direction de la PME et la PMI de la wilaya de Tipasa en collaboration avec la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Chenoua, la semaine dernière à la salle de conférences du centre culturel et sportif de Tipasa. Le directeur général de la Finalep (financière algéro-européenne de participation) est intervenu devant l'assistance pour expliquer les modes d'intervention de son organisme et la gestion du fonds d'investissement, les critères de sélection des projets d'investissement. Les intervenants s'inquiétaient de l'avenir du secteur économique dans la wilaya de Tipasa. «J'ai de l'argent, nous déclare un investisseur en exercice, je demande une superficie de 1 500 m2 pour continuer à investir dans le secteur agro-alimentaire. J'ai formulé des demandes depuis plusieurs mois, à ce jour je n'ai aucune réponse. J'ai déjà une minoterie à Bourkika». «Moi, j'ai des idées, mais je n'ai pas d'argent. Comment allez-vous me financer pour investir», s'interroge un autre porteur de projet. «J'exerce un métier artisanal grâce au dispositif de soutien à l'emploi, comment allez-vous faire pour me permettre d'acheter d'autres équipements pour développer mon activité, sachant que je n'ai pas la somme d'argent exigée par le fonds d'investissement», indique une promotrice. «Vous êtes venus pour nous vendre un plan d'investissement américain, alors qu'il est incompatible avec notre environnement», déclare un investisseur dans le domaine du matériel médical. Le DG de la Finalep a tenu à préciser que le critère essentiel du choix demeure la rentabilité économique et financière. Les représentants des banques étaient sceptiques. Les citoyens étaient venus pour s'enquérir des mécanismes d'attribution des crédits, alors que l'ordre du jour consistait à expliquer la participation de la Finalep au capital de la SARL (société à responsabilité limitée). La wilaya de Tipasa dispose d'un fonds d'un milliard de dinars. L'orateur a fait comprendre aux intervenants que les prétendants à l'investissement doivent avoir un patrimoine matériel ou financier, et qu'ils sont tenus de participer au minimum à 51% du coût de leur projet, à savoir la création de la SARL ou l'extension d'une entreprise déjà en exercice. L'informel et ses retombées L'informel s'est naturellement invité aux débats. La Finalep qui se considère partie prenante dans le capital de la société exige la transparence dans la gestion et surtout la présentation des factures de tous les produits achetés. S'agissant de factures, aucun investisseur ne s'est engagé à fournir toutes les factures. Un investisseur précise à cet égard que «ces documents ne sont pas généralement délivrés par les fournisseurs ou les grossistes. Nous prenons des risques et la gestion de nos activités économiques manque terriblement de transparence». Quant aux femmes et hommes dépourvus de moyens, en quête d'un créneau d'investissement, le directeur de la PME de la wilaya leur a proposé de s'adresser aux autres dispositifs de soutien à l'emploi, en l'occurrence l'Ansej, l'Angem ou la CNAC, pour trouver des réponses à leurs questions. La problématique du financement rencontrée par la PME reste posée.Le démantèlement volontaire du tissu économique dans la wilaya de Tipasa est à l'origine des difficultés sociales des populations. De nombreux lots à travers les zones d'activité, destinées à la localisation des projets d'investissement industriel, demeurent toujours inexploités. Théoriquement, la wilaya de Tipasa offre des opportunités d'investissement, mais la réalité est tout autre : rien ne se profile à l'horizon pour les investisseurs. La bureaucratie et le dialogue de sourds entre l'administration et les authentiques opérateurs économiques ont aggravé la situation. Tipasa est une wilaya en panne de politique économique. Pourtant, les secteurs d'activité de la wilaya sont en quête d'une valorisation, pour créer les richesses.