Les familles à faible revenu ne peuvent plus se permettre d'acheter, chaque jour, des légumes en quantité. Les ménages souffrent de la hausse continuelle des prix des fruits et légumes. Tous les produits, même de saison, sont touchés par cette hausse inexpliquée. «Les familles à faible revenu ne peuvent plus se permettre d'acheter chaque jour en quantité des légumes, toujours plus chers. Il n'y a plus de produits vendus à moins de 50 DA. La tomate est devenue un produit de luxe ; elle est cédée à 120 DA. Même la pomme de terre, produite en quantité suffisante, est vendue à 50 DA et plus. Les pouvoirs publics nous répètent, satisfaits, la même rengaine d'un Etat qui nourrit sa population. Il faut vider sa bourse pour pouvoir remplir son couffin», constate, amer, un résidant d'Alger-Centre. Employé dans une administration publique, Khaled K. affirme qu'avec son salaire de 28 000 DA, il ne peut pas acheter chaque jour des légumes frais. «Avec ma modeste paye, je passe cinq fois au marché Clauzel. Au bout de 10 jours, bonjour les soucis», lâche ce père de famille de six enfants. «C'est le retour aux années de braise. Le pays s'installe dans la crise sans que l'Etat s'en soucie ou que cela fasse la une des journaux. La famine est à nos portes», prédit un vendeur du marché Ferhat Boussaâd (ex-Meissonnier), où les prix élevés obligent, souvent, les chefs de famille à faire désespérément la tournée dans des marchés où les produits sont plus au moins abordables. C'est souvent peine perdue. Au marché Clauzel, au marché Ali Melah 1er Mai, au marché Tnach, à Hussein Dey, à Rouiba ou encore à El Harrach, ce sont les mêmes prix affichés avec des petites variantes. «Même aux Eucalyptus ou dans les marchés de la Mitidja, les prix sont exorbitants. Les vendeurs se sont donné le mot pour faire souffrir les consommateurs», assure un résidant de Sidi Moussa. Les carottes et la laitue sont cédées à 50, 60 DA le kilo. Même chose pour les fèves, les aubergines, le chou-fleur. Les poivrons et les haricots verts sont cédés à 150 et 200 DA. La fraise, pourtant fruit de saison, est vendue entre 150 et 200 DA. Les oranges, suivant la qualité, sont débitées entre 120 et 180 DA le kilo. La banane n'est plus à la portée de toutes les bourses, puisqu'elle est vendue à 150 DA et plus. Même constat pour la pomme qui est écoulée à plus de 200 DA. Aucune explication valable ne peut être donnée aux consommateurs puisque des légumes ou des fruits de saison sont vendus à des prix exorbitants, ce qui incite les familles à ne plus en acheter ou bien par petite quantité. «La hausse sera plus importante à l'approche de la saison estivale et du mois de Ramadhan. La situation n'en sera que plus dure dans les prochains jours», suppose un vendeur du marché Tnach. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) confirme cette augmentation qui peut atteindre jusqu'à 20% et même 50%. Selon le porte-parole de l'Union, M. Boulenouar, la hausse s'explique par l'absence de marché de proximité et de détails, en nombre suffisant. «Le vendeur de quartier préfère acheter la quantité qu'il écoule durant la journée, pas plus. Il ne veut pas stocker le produit», affirme notre interlocuteur. «Une baisse substantielle sera perceptible avec l'application des directives données aux agriculteurs qui doivent vendre directement leurs produits aux collecteurs ou mandataires sans passer par des intermédiaires qui prennent une bonne marge bénéficiaire avant d'écouler les produits dans les différents marchés de gros», assure M. Boulenouar.