L'artiste peintre Djahida Houadef livre, à travers sa nouvelle exposition, la nature ineffable de sa région, de N'gaous, avec une fixation délirante sur les arbres. Chadjara, tel est l'intitulé de l'exposition de l'artiste Djahida Houadef, qui se laisse admirer avec un réel plaisir et sérénité. L'œil se délecte avec cette profusion de couleurs et de formes. La plasticienne laisse libre cours à ses émotions et à certaines séquences heureuses de son enfance. Ainsi, à travers le prétexte de la thématique de l'arbre, elle invite plus à découvrir «les arbres de son enfance qui ressurgissent comme un souvenir blindé, vivace et vif des couleurs de sa terre natale, de la palette des plaines, des vallons et des cieux pour réveiller les déesses de son souffle. Ils valsent plus vite que les vents, emportant leurs camaïeux de verts… vers N'gaous», note Nadia Taghirt Hammadouche dans le catalogue. Les quarante œuvres, exposées sur les cimaises de la galerie, rendent compte d'une dextérité certaine. A bien observer le travail de l'artiste et son cheminement, on a cette impression de similitudes avec la peinture de la défunte Baya Mahieddine. Djahida Houadef s'en est toujours défendue en affirmant que sa peinture est une peinture naïve. La peinture flamande du XVIIe siècle est sa référence. Elle se plaît à retrouver cette idée d'image dans l'image. En témoignent ces vues panoramiques que l'artiste a su immortaliser ingénieusement en utilisant la technique mixte sur papier. Jet aux couleurs irisées, Entrelacement panoramique, Charmeur de serpents, Atmosphère automnale, Parfum de henné, La danse de la forêt ou L'étreinte des tiges, Oincales en flammes, Profondeur alliée à la juxtaposition du froid et chaud sont autant de tableaux musicaux où la couleur tient une place de choix. Dans Patio aux nuages dorés, un décor des plus féeriques et reposant à la fois est à l'honneur. Des arbustes aux branchages généreux se ploient dans un espace aussi verdoyant que multicolore. Le sol est tapissé d'une verdure striée, rehaussée de corps flottants aux formes ovales. «Quand les feuilles tremblent, ce n'est pas l'affaire des racines», une vue imprenable et ensorceleuse s'offre au regard. Un arbre millénaire déploie ses branchages sur l'étendue de la superficie du sol. Un sol également parsemé d'herbe et de boutons de fleurs. Inconsciemment ou voulue, Djahida Houadef donne là une belle leçon de morale à tout visiteur : celle de préserver la beauté de la nature. Djahida Houadef est diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger.Elle expose depuis 1986 régulièrement ses œuvres en Algérie et à l'étranger, notamment aux Emirats arabes unis, en France, en Tunisie, au Maroc, en Grèce et en Espagne. Une incursion dans le monde onirique de Djahida Houadef est possible. Il suffit juste de pousser le portillon de la galerie Baya avant le 20 avril, pour admirer les chefs- d'œuvres de cet artiste avérée.