L'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, exhorte la Télévision nationale à jouer son rôle dans l'enrichissement du débat actuel sur le changement du système en Algérie. Après avoir adressé, en février dernier, une lettre au président Bouteflika dans laquelle il lui suggère d'entreprendre des réformes politiques, Abdelhamid Mehri prend une nouvelle fois l'initiative et invite les responsables de l'ENTV à assumer leur part de responsabilité en ouvrant le débat sur la question. «Les demandes de changement du système politique deviennent insistantes. Elles émanent de toute la classe politique nationale. Ce qui est tout à fait naturel, car le sujet est d'une extrême importance pour le présent et l'avenir du pays. Il mérite donc un débat approfondi et transparent, dans lequel l'Entreprise nationale de télévision peut jouer un rôle important», écrit-il dans une lettre adressée, le 4 avril dernier, au directeur général de l'ENTV et dont le contenu a été rendu public hier. Ce faisant, Abdelhamid Mehri se dit disponible et prêt à assumer, lui aussi, son devoir en participant à d'éventuels débats télévisés. «Je suis prêt, si l'ENTV arrive à ouvrir ce genre de débat, à participer aux discussions et répondre favorablement à toute invitation», précise-t-il. Cet appel sera-t-il entendu ? Les responsables de l'ENTV décideront-ils enfin de prendre leurs responsabilités en permettant à la chaîne publique de jouer son véritable rôle de service public ? Rien n'est sûr pour le moment, car malgré l'instruction présidentielle, l'ENTV peine toujours à se débarrasser de ses vieux réflexes. Faire participer les forces politiques Les quelques débats assurés, depuis le début de l'année en cours, n'ont pas été à la hauteur de la dynamique qui anime la société algérienne actuellement. Outre cette lettre au DG de l'ENTV, Abdelhamid Mehri exprime aussi sa conception du changement dans une interview accordée au journal électronique, econostrum.info. Selon lui, un sérieux changement ne pourrait intervenir sans la participation de toutes les forces politiques du pays. «Le régime algérien peut procéder à certaines améliorations. Mais pour construire la démocratie, il faut absolument abandonner la pratique de l'exclusion. La tendance à vouloir toujours agir seul, et même à réformer sans les autres, est une forme d'exclusion», lance-t-il. Il plaide, dans ce sens, à l'examen de toutes les propositions. «Le changement auquel aspire la société algérienne aujourd'hui peut-il être satisfait uniquement par l'actualisation ou la refonte des textes? Question à débattre. Quant aux élections, quel que soit leur objet ou leur niveau, leur importance et leur signification sont liées, de mon point de vue, à la plateforme politique et au contexte qui les dictent», dit-il. Même l'Assemblée constituante, défendue par le FFS et son président Hocine Aït Ahmed, ajoute-t-il, ne constitue pas l'unique voie pour parvenir à un changement. «L'élection d'une Assemblée constituante peut s'avérer nécessaire dans certains cas de figure. Elle n'est pas la seule voie menant au changement. Cela dépend du consensus national politique à débattre», explique-t-il.