Abdelhamid Mehri ne fait, certes, pas partie des 3.500 congressistes du FLN, en conclave depuis deux jours à la coupole, mais il a réussi à s'y inviter même à distance… Il a même cassé, quelque peu, la belle sérénité d'une grand-messe politique qui se voulait sans couacs. En effet, l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, a adressé une lettre aux congressistes dans laquelle il regrette l'absence d'un débat de fond et appelé les militants à revisiter le passé récent du parti pour tirer les leçons et dessiner l'avenir. Refusant manifestement que l'héritage du Front de la révolution soit l'apanage de la direction actuelle, Abdelhamid Mehri a décidé d'aller discourir sur la révolution à l'université de Constantine au lieu d'assister à un débat à sens unique à la coupole. «J'aurais pu annuler tous mes engagements si ce débat allait avoir lieu» a précisé l'ex-SG du FLN avant de s'excuser poliment auprès des militants qu'il ne valait pas la peine d'annuler ses engagements à Constantine. Abdelhamid Mehri écrit : «J'ai toujours souhaité qu'on discute avec franchise et profondeur des expériences passées, autant celle du FLN que celles du pays depuis l'indépendance. Des expériences relatives au système du pouvoir et de la gestion des affaires publiques». Or, à ses yeux ce n'est pas ce que propose le 9ème Congrès du FLN. Et à Mehri d'avouer qu'il est «toujours redevable devant les militants du parti de la présentation de mon bilan de secrétaire général après avoir été élu par le Comité central alors que le pays connaissait une situation dangereuse». Le lettre de l'ex-patron du FLN dégage une forte impression d'un homme privé de tribune pour expliquer ses choix du temps où il tenait les rênes du parti. M. Mehri aurait ainsi aimé évoquer la manière dont il avait été chassé de la direction du FLN à travers le fameux coup d'état scientifique mené par Abdelkader Hadjar. «J'avais été écarté de mon poste de responsabilité dans des conditions que vous connaissez parfaitement autant que la plupart des militants. Je me suis engagé devant le Comité central de tout expliquer. Des congrès ont eu lieu depuis sans permettre l'expression d'une opinion différente» écrit Mehri qui souligne dans sa lettre que revenir au passé est «important pour pouvoir aborder avec objectivité les questions essentielles qui se posent au pays». C'est, selon l'ex-SG du FLN, la meilleure voie pour le parti afin de «trouver des solutions à ces questions à l'ombre des pratiques et des mœurs dégagées par les politiques suivies jusque-là ». Pour sa part, l'autre ancien secrétaire général du Front de libération nationale, Ali Benflis, n'a même pas été invité à assister, au moins à l'ouverture des assises. Il s'agit d'une première, alors que le Congrès a été organisé sous le slogan du «rassemblement et de la confirmation». Est-ce à dire que la page Benflis au FLN est définitivement déchirée? Tout porte à le croire, du moins d'ici à 2014.