Chez nous, les élections sont utilisées pour empêcher tout changement. » Cette phrase est lancée avec beaucoup d'amertume par l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri. S'exprimant dans les colonnes de l'hebdomadaire arabophone El Khabar El Ousboui (édition du 28 janvier au 3 février), Abdelhamid Mehri, qui refuse de s'impliquer dans le débat sur la présidentielle de 2009, dit tout simplement « qu'il n'attend rien de ce rendez-vous ». « Les élections, telles pratiquées depuis plusieurs années, sont combinées pour barrer la route à tout changement, ce qui est, de mon point de vue, une erreur d'appréciation de la grande responsabilité que doivent assumer les responsables, surtout que le pays vient de dépasser une dure épreuve due à une tentative de changement par la force », explique-t-il. Ce faisant, l'invité d'El Khabar El Ousboui évoque le verrouillage du champ politique en Algérie. « Ce n'est pas intelligent ! Le bon sens suppose l'ouverture du champ politique et la résolution de tous les problèmes qui en résultent », soutient-il, avant d'appeler à un changement du système. Parce que, selon lui, l'actuel est une résultante d'une accumulation des expériences du passé. « Des expériences non analysées », explique-t-il. Faisant une séparation entre « le changement du système » et « le changement des personnes », Abdelhamid Mehri affirme que l'actuel système ne répond plus au besoin de la société. « Les défis auxquels fait face le pays sont plus grands que les personnes. Le pays risque de passer par des conditions difficiles face auxquelles le système se montre totalement incapable. Dans cette situation, les élections vont reproduire les mêmes schémas : empêcher tout changement », ajoute-t-il. Le système algérien, explique-t-il, « est basé, depuis 1962, sur l'exclusion et fonctionne selon la logique des clans ». Rappelant que la construction d'un Etat fort nécessite la conjugaison des efforts de toute la société, l'ancien responsable du FLN critique également les amendements introduits dans la Constitution. « Il y a un FLN comme projet et un FLN comme appareil. Malheureusement, la dernière révision de la Constitution a protégé les sigles, les formes et les apparences au détriment du projet. J'invite dans ce sens à une relecture de la déclaration du 1er Novembre 1954 pour comprendre ses objectifs », insiste-t-il. Revenant sur l'affaire Chabani, l'orateur se dit contre « toute poursuite judiciaire contre l'ancien président, Ahmed Ben Bella ». Selon lui, beaucoup d'erreurs ont été commises durant et après la révolution. La raison est la même : absence d'une justice indépendante. « Durant la révolution, il n'y avait pas une justice au sens propre du terme. Ce sont le CCE ou la wilaya qui jugeaient sans aucun contrôle », précise-t-il. Abdelhamid Mehri critique également le rendement de la diplomatie algérienne qui, selon lui, « fonctionne au hasard ». Citant des affaires, telles que l'emprisonnement en France du diplomate Meziane Hasseni, il affirme que les diplomates algériens ne disposent pas de moyens nécessaires pour leurs missions.