Un site ocre vif au milieu de la végétation… Vous voilà à Tiddis,place de vestiges d'un monde antique, autrefois chargé de protéger Constantine, témoin des temps numides et romains. Tiddis est un magnifique site antique, niché sur une colline de 650 m d'altitude. Il relève de Béni H'midène, commune à vocation agricole située à 35 km de la ville de Constantine. Réceptacle d'une cité romaine s'étalant sur 42 ha, à 17 km au nord de la ville des Ponts, il est bâti sur la ville numide, l'antique Cirta. Les Romains l'avaient choisie pour y construire Castellum Tidditanorum, à cause justement de son haut relief qui en faisait une ville forteresse d'une grande importance stratégique. «Cirta était environnée d'une couronne de villages fortifiés qui protégeaient son territoire contre les incursions des montagnards ; c'étaient les Castella. L'un d'eux, Tiddis, a déjà été assez largement fouillé pour donner une idée de la vie dans ces moyennes agglomérations, écrivait Malek Haddad dans le journal Annsr en 1966. Tiddis occupe une pittoresque position fortifiée à l'entrée des gorges du Khreneg. La ressemblance avec le site de Constantine avait incité la population à lui donner le nom de Ksentina El Kdima (le vieux Constantine).» Tiddis a été découverte par l'archéologue André Berthier qui y avait entrepris des fouilles en 1941, et continué jusqu'à son départ, dans les années 1970. Une bonne partie de la collection de pièces anciennes se trouvant au musée national Cirta provient de ce site, qui, disent les connaisseurs, n'a pas encore livré tous ses trésors. Par ailleurs, il reste la destination privilégiée des délégations touristiques. Un spécialiste américain de l'histoire antique de l'Afrique du Nord, de l'université de Chicago (Etats-Unis), le professeur Walter, avait manifesté un intérêt si grand pour l'endroit, lors d'une visite qu'il y avait effectuée en 2005, qu'il y avait consacré tout un séjour en compagnie de son épouse. C'est surtout à partir de 2007 que Tiddis commence à susciter l'intérêt des touristes, ce qui lui vaudra, jusqu'ici, d'après les statistiques établies par l'association éponyme, plus de 9000 visiteurs étrangers par an. Ceci sans compter les visites des Algériens, les sorties pédagogiques régulièrement effectuées par les élèves et celles des étudiants en archéologie. Les ruines se diviseraient en trois groupes : le premier occupant le plateau, le second, le versant oriental, le troisième, le pied de la falaise. Le plateau est divisé en deux parties par un mur partant du point le plus élevé (Ras El Dar). Seule la partie orientale du plateau a été construite. Appuyé contre les roches mêmes du Ras El Dar, un sanctuaire indique que l'acropole avait un rôle religieux autant qu'une destination militaire. Un nombre considérable de citernes assuraient l'alimentation en eau, à défaut de sources. De plus grands réservoirs alimentaient des thermes de montagne. Partout la falaise a été taillée et une inscription du milieu du IIIe siècle célèbre ce travail. Les principaux édifices exhumés occupent le versant oriental. Une porte imposante couverte d'un arc et jadis munie de vantaux donne accès à l'intérieur de la ville. Une rue dallée conduit à une première petite place qui desservait le marché. La terrasse supérieure porte un petit forum sur lequel s'ouvrent trois salles qui n'ont entre elles aucune communication, mais qui toutes trois ont leurs entrées tournées vers l'est. Ces vestiges recèlent des sépultures, bains romains, fourneaux… Des passionnés d'archéologie affirment que c'est une région qui reste encore à découvrir, avec notamment ses fermes romaines disséminées dans les douars à l'entour et le tombeau du stratège militaire numide, Paris Nolius Irbicus, à 4 km au nord du site. Des projets intéressants seraient en cours d'étude pour valoriser Tiddis, comme celui d'y bâtir un musée et un théâtre de plein air, de faire de la petite mechta de Sefsafa, précédant Tiddis de 3 km, une première halte pour les touristes, et de construire un village modèle comprenant des infrastructures et autres commodités touristiques.