Selon les auteurs de la proposition, l'enseignement de tamazight ne cesse de régresser en raison notamment de l'absence d'une volonté politique l Ce recul est facilité par le caractère facultatif de cette matière, y compris dans les écoles de Kabylie, estime-t-on. A la veille de la célébration du printemps berbère, une vingtaine de députés de différentes obédiences politiques (PT, FLN, RND, indépendants, PRA, ANR et MJD) ont élaboré une proposition de loi portant sur l'obligation de l'enseignement du tamazight dans les établissements scolaires. Les signataires de cette proposition de loi, portant amendement de la loi n°08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d'orientation sur l'éducation nationale, à leur tête Ali Brahimi, dissident du RCD, ont dressé un constat des plus négatifs de l'enseignement de cette langue. Selon les auteurs de la proposition, l'enseignement de tamazight ne cesse de régresser en raison notamment de l'absence d'une volonté politique. «Nul n'ignore que l'enseignement de tamazight n'a pas connu une avancée conséquente. De seize wilayas, quand il a commencé, il en est à exister très imparfaitement seulement dans neuf wilayas», regrette Ali Brahimi, délégué des députés signataires de cette proposition et élu de Bouira. De l'avis de M. Brahimi, ce recul est dû, entre autres, au caractère facultatif de cette matière, y compris en Kabylie où cette langue est principalement enseignée. Le 20 avril de chaque année, rappellent les députés, est une occasion pour réanimer un combat démocratique ancien. Dans ce contexte et à travers cette proposition de loi, les députés voulaient rappeler aux pouvoirs publics un engagement constitutionnel fondamental et leur demander de prouver leur volonté politique sur ce dossier. C'est aussi une opportunité et un moyen pour ces élus nationaux de profiter de la tribune parlementaire pour interpeller les militants de la cause et les locuteurs sur le mot d'ordre le plus juste dans cette étape du combat pour la réhabilitation de la langue amazigh. Pour ces parlementaires, le statut obligatoire que doit acquérir l'enseignement de cette langue est le seul moyen de la sauvegarder. En se référant à la loi du 23 janvier 2008, notamment dans son article 4, alinéa 8, les signataires de la proposition de loi confirment qu'en matière d'instruction, l'école a pour mission de... promouvoir le tamazight et étendre son enseignement, or sur le terrain, cette disposition n'est pas appliquée. «Cette mission d'étendre l'enseignement du tamazight sur le territoire national semble piétiner. Le rétrécissement, ces dernières années, de l'aire territoriale dans laquelle l'école dispense le tamazight est une donnée avérée dont il est important de connaître les vraies raisons», notent les signataires de la proposition de loi. Ces derniers estiment que l'Etat ne peut pas laisser cette constante livrée aux aléas des choix individuels. «Relevant d'un domaine fondamental de notre personnalité et notre identité nationale, l'enseignement du tamazight doit acquérir un statut obligatoire seul à même de lui donner une assise scientifique et économique stable et durable», suggèrent les députés qui déplorent le fait qu'outre l'insuffisance numérique en postes budgétaires pour les enseignants et l'absence relative de fluidité d'accès à l'éducation nationale pour les diplômés en tamazight du secteur de l'enseignement supérieur, le caractère facultatif de l'enseignement du tamazight n'est pas pour stimuler la promotion et le développement de celle-ci.