Il y aura une coopération et des liens d'amitié surtout avec l'Italie, la France et le Qatar, puis avec d'autres amis comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.» Moustapha Abdeljalil, chef du Conseil de transition libyen (CNT), annonce déjà sa candidature dans une future (?) Libye débarrassée d'El Gueddafi. Il désigne aussi son cercle d'amis parmi les pays qui ont reconnu son conseil et qui sont tous des pays occidentaux, plus le Qatar qui en est assimilé. Hier, il a été reçu comme un chef d'Etat en Italie, l'ancienne puissance coloniale de la Libye et l'ancien allié d'El Gueddafi. Il a eu les honneurs présidentiels de Giorgio Napolitano et ceux du chef du gouvernement, Silvio Berlusconi. En déroulant son tapis rouge au président du CNT, il «Cavaliere» pense sans doute avoir misé sur le bon cheval. Et Moustapha Abdeljalil le rend bien à cette Italie qui lui a ouvert grand ses bras. «Il s'est engagé à poursuivre sur la voie de la démocratie, de la lutte contre le terrorisme, la reconstruction de la Libye et la lutte contre l'immigration clandestine.» Franco Frattini ne pouvait cacher sa joie hier devant la presse d'avoir affaire à un homme qui garantit une assurance tous risques à son pays. Et cela se comprend assez bien dans cette guerre économique faussement drapée des vertus humanitaires et démocratiques. Au-delà de la nature tyrannique du régime d'El Gueddafi, quasiment indéfendable, on voit bien que les responsables français et italiens, notamment, se frottent les mains sur le partage du butin de guerre libyen une fois le dictateur déposé ou peut-être même liquidé. Et ce n'est certainement pas la résolution 1973 du «machin» onusien qui va empêcher les alliés pour «leur» meilleur de violer l'interdit pour aller installer un régime aussi doux que le sont les monarchies du Golfe et «normaliser» une Libye, dont le sol et le sous-sol suffisent largement pour servir de tube digestif énergétique à même d'irriguer toute l'Europe. A n'en point douter, Abdeljalil sera accueilli en fanfare ce matin sur le perron de l'Elysée. En maître de cérémonie, Sarkozy, dont la popularité est en berne en France, compte tirer le maximum de son invité. C'est un enjeu vital et pour lui (élection présidentielle 2012) et pour la France qui souhaite prendre pied à Tripoli. Abdeljalil a déclaré, hier, au siège de la Communauté catholique italienne Sant'Egidio qu'El Gueddafi «ne quittera jamais le pouvoir sauf par la force». Cette revendication est reçue cinq sur cinq à Paris. «La France va ''intensifier'' ses frappes aériennes en Libye pour protéger les civils», annonçait, depuis Kiev, le Premier ministre, François Fillon. Paris, qui multiplie les contacts pour faire avaliser des attaques massives – et pourquoi pas la possibilité d'armer les rebelles – trouverait en ces déclarations du président du CNT un argument «inattaquable» pour justifier son va-t-en guerre en Libye, quitte à tordre le cou au droit international et aux résolutions onusiennes qu'elle a elle-même adoptées. Mais dans ce monde dominé par les puissants, les belles promesses n'engagent que ceux qui les croient. Après la tente d'El Gueddafi, l'heure est au tapis rouge pour Abdeljalil.