Mouammar Kadhafi ne quittera jamais le pouvoir "sauf par la force", a affirmé mardi à Rome le chef des rebelles libyens, Mustapha Abdeljalil, selon lequel le conflit dans son pays a déjà fait 10.000 morts en deux mois. Le colonel Kadhafi "n'abandonnera jamais le pouvoir sauf par la force", a affirmé devant la presse le président du Conseil national de transition (CNT), organe représentatif des rebelles libyens, à l'occasion d'une visite au siège de la Communauté catholique italienne Sant'Egidio, connue pour ses médiations en Afrique. Mouammar Kadhafi "ne peut pas être comparé" à l'ex-président égyptien Hosni Moubarak ou l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, a poursuivi M. Abdeljalil, selon lequel le leader libyen, au pouvoir depuis plus de 40 ans, ne serait "accepté par aucun pays" en cas d'exil. "Il a mis toute la richesse du peuple libyen à son propre service" et lancé le pays dans "ses aventures militaires immorales", a-t-il dénoncé. Auparavant, au cours d'un entretien avec le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini, M. Abdeljalil avait chiffré le bilan des affrontements en Libye à 10.000 morts et entre 50.000 et 55.000 blessés. A l'issue de cette rencontre, M. Frattini a déclaré que l'Italie entendait poursuivre son soutien aux rebelles libyens, notamment en essayant de faciliter la vente de leur pétrole, pour leur permettre de financer leur lutte contre les forces de Mouammar Kadhafi. Cette question figurera à l'ordre du jour de la prochaine réunion du groupe de contact sur la Libye, qui aura lieu "la première semaine de mai" à Rome, probablement le 2 mai. Le chef de la diplomatie italienne a également assuré que la communauté internationale chercherait des moyens "pour mettre à disposition du peuple libyen des sommes d'argent qui font partie des avoirs économiques gelés" du colonel Kadhafi et de ses proches. Sur le plan humanitaire, Rome va augmenter la capacité d'accueil pour les personnes blessées grièvement en Libye et renforcer la présence des médecins et infirmiers dont certains opèrent déjà dans des hôpitaux locaux, notamment dans la "ville martyre" de Misrata, assiégée par les forces loyalistes. M. Abdeljalil s'est par ailleurs félicité des liens des rebelles avec l'Italie, ancienne puissance coloniale et ex-allié-clé du colonel Kadhafi. "Il y aura une coopération et des liens d'amitié surtout avec l'Italie, la France et le Qatar, puis avec d'autres amis comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis", a assuré M. Abdeljalil à propos de la politique à mener une fois le conflit terminé. Jusqu'à présent, seuls la France, l'Italie et le Qatar ont reconnu le CNT comme interlocuteur légitime en Libye, en lieu et place de Mouammar Kadhafi. M. Frattini est revenu sur l'aide aux rebelles en évoquant des moyens "d'autodéfense", mais l'Italie, à l'instar des autres pays membres du groupe de contact sur la Libye, rechigne à leur fournir des armes. Rome est également fermement opposée à l'envoi de troupes au sol en Libye, qui aurait des relents "d'occupation", selon lui. Le gouvernement italien est en revanche disposé à aider "avec des viseurs nocturnes, des radars, des moyens d'écoutes, d'autres pour bloquer les communications" de l'adversaire, a-t-il expliqué. "Le président Abdeljalil a confirmé son engagement à poursuivre sur la voie de la démocratie, de la lutte contre le terrorisme, la reconstruction de la Libye et la lutte contre l'immigration clandestine", s'est félicité M. Frattini. Plus tard dans la journée, le ministre a précisé devant des élus italiens qu'il n'y avait "toujours pas une solution politique bien définie" à la crise libyenne. M. Abdeljalil a aussi rencontré le président italien Giorgio Napolitano puis le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, critiqué dans le passé pour ses liens d'"amitié" avec le colonel Kadhafi. A l'issue de cet entretien d'une heure, la présidence du conseil s'est contentée d'indiquer que les deux hommes avaient examiné "la situation en Libye" et étaient convenus de rester "en contact étroit". Le président du CNT doit se rendre mercredi à Paris pour y rencontrer le président français Nicolas Sarkozy.