Le président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdouljalil, a pris son bâton de pèlerin pour faire le tour de ses principaux alliés. De Rome, il s'est rendu à Paris pour débattre de la situation en Libye et du processus de transition démocratique, selon un communiqué publié par la présidence française. Avec le Qatar, la France et l'Italie sont les seuls pays à reconnaître le CNT comme interlocuteur qui a juré fidélité à ses puissants protecteurs. De la station italienne, Abdouljalil a affirmé sa volonté de coopération « surtout avec l'Italie, la France et le Qatar, puis avec d'autres amis comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis », tout en confirmant son engagement « à poursuivre sur la voie de la démocratie, de la lutte contre le terrorisme, la reconstruction de la Libye et la lutte contre l'immigration clandestine ». Cette visite intervient au moment où un débat a été enclenché sur les risques d'enlisement redouté par la coalition agitée par de profonds soubresauts. En conséquence, la question de l'armement des insurgés, incapables de faire face à la puissante machine de guerre de Kadhafi, et de l'intervention au sol n'ont pas manqué de provoquer de sérieuses divergences. C'est le cas du président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, Axel Poniatowski, qui a réclamé, la veille de la visite du Libyen, l'envoi de 200 à 300 membres de forces spéciales de l'Otan au sol. Cette option a été catégoriquement rejetée par le chef de la diplomatie Alain Juppé qui s'est déclaré « tout à fait hostile ». Pour le ministre français des affaires étrangères, « il appartient au Conseil national de transition et ses troupes de faire ce travail. Ils peuvent jouer ce rôle sans qu'il soit nécessaire de déployer des forces au sol ». La mise au point de Juppé est survenue presque simultanément avec l'annonce par son homologue britannique William Hague, que la Grande-Bretagne allait envoyer des conseillers militaires auprès du CNT en Libye. Ces militaires « ne participeront pas à la préparation ou à l'exécution d'opérations du CNT », a précisé le ministre britannique. Deux officiers, un Français et un Britannique, sont déjà présents au QG opérationnel des insurgés, alors que des informations font état de la présence des attachés militaires italien et britannique à Benghazi pour assurer la transmission des renseignements à l'Otan sur la situation au front.