Dimanche dernier, Paris a pris la décision unilatérale de suspendre la liaison ferroviaire entre la gare italienne de Vintimille et le territoire français, avant de la rétablir un peu plus tard. Paris De notre correspondant Avec cette mesure, le gouvernement de François Fillon a voulu barrer la route aux milliers d'immigrés tunisiens arrivés sur le sol italien. Leur seul objectif : rejoindre la France pour espérer dénicher un travail. La polémique s'est ravivée lundi. Les associations des droits de l'homme et de défense des immigrés ont critiqué cette mesure, la jugeant contraire au droit garantissant la libre circulation des biens et des personnes et à l'esprit même de l'accord de Shengen. Mais pour Dominique Paillé, ancien porte-parole de l'UMP (Union pour la majorité populaire) parti au pouvoir et président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, si la France a refusé et continuera toujours à refuser d'accueillir ces immigrés sur son territoire, c'est parce qu'ils sont, d'une part, des clandestins et que les titres de séjour que l'Italie leur a accordé est une forme de régularisation d'autre part. Il a, par ailleurs, expliqué que cette catégorie d'immigration, autrement dit, peu qualifiée, pouvait à la rigueur correspondre à un marché de travail spécifique dans les années passées, comme le bâtiment, la restauration, le transport. Or, avec la crise économique qui frappe de plein fouet la France, mêmes ces personnes n'arrivent plus à trouver du travail. «Le taux de chômage des immigrés en situation régulière est déjà d'environ 20%. Dans ce cadre, limiter le nombre de nouveaux immigrés est logique», a-t-il soutenu. De son côté, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a exprimé son souhait, quant à lui, de réduire drastiquement la liste des métiers pour lesquels les sociétés françaises peuvent recourir à une main-d'œuvre étrangère, notamment africaine et maghrébine. Mais cette décision n'est pas du goût à la fois des syndicats et du patronat. Ces derniers ont rappelé au ministre que l'immigration légale représente seulement 22 000 personnes, au moment où annuellement près d'un demi million de postes ne sont pas pourvus. Est-ce à dire que le discours sur l'immigration est désormais utilisé par la droite pour des raisons électoralistes ? Oui, répond Laurence Parisot, patronne des chefs d'entreprise français, qui trouve cette polémique complètement décalée par rapport à la réalité du terrain. Depuis l'échec de la droite aux élections cantonales, le débat sur l'immigration est monté d'un cran. Des déclarations, à la limite du racisme et de la xénophobie, sont quotidiennement faites par de nombreux responsables politiques. Alors que Nicolas Sarkozy avait promis en 2007 de mettre en place une politique basée sur l'immigration choisie, voilà qu'il se contredit frontalement en s'apprêtant à donner un coup d'arrêt à tout type d'immigration, choisie soit-elle.