C'est en Syrie que le parti Baas a vu le jour. Créé dans les années 1940, il est l'œuvre du chrétien orthodoxe Michel Aflak et du musulman sunnite Salah Al Din Bitar. Le premier congrès du Baas s'est déroulé à Damas en 1947. En 1953, il fusionne avec le Parti socialiste arabe d'Akram Houarani et se rebaptise Parti Baas arabe socialiste. Il crée des sections en Transjordanie, au Liban et en Irak. Cependant, il est entravé dans son action par l'influence du nasserisme. Entre temps, Le Caire et Riyad se disputent le leadership du monde arabe. Ainsi, le Baas s'impose surtout dans l'armée. Le Baas prêche le mot d'ordre «Unité, libération, socialisme». Il se dit laïque tout en admettant que l'Islam constitue une des composantes de l'arabisme. Son objectif est l'unité arabe. En ce sens, les peuples arabes constituent une seule nation et doivent avoir un seul Etat. En 1958, la Syrie et l'Egypte décident de s'unir en un seul Etat. Est créée ainsi la République arabe unie (RAU). Marginalisés par Nasser, ils quittent le pouvoir en fin 1959. La RAU est dissoute en 1961 et le parti Baas vit une crise interne. Mais il accède au pouvoir en Irak et en Syrie respectivement en février et en mars 1963. Le parti Baas multiplie en Syrie ses critiques contre la démocratie libérale. En parallèle, ils épargnent les militaires qui imposent leur domination d'appareil. Hafez Al Assad, Nouredine Al Atassi et Salah Jdid fomentent un coup d'Etat en février 1966 et éliminent leurs rivaux. Et les fondateurs du parti, à commencer par Michel Aflak, prennent le chemin de l'exil. Le parti Baas se retrouve ensuite avec deux directions. L'une à Damas et l'autre à Baghdad. Une animosité des plus féroces caractérise les deux directions. En 1970, Hafez Al Assad par un coup d'Etat devient président et consacre le monopole du pouvoir par les militaires et de la minorité alaouite qui est de confession chiite sur le pouvoir. Pourtant le Baas, dans les années 1950, rejette la répartition des sièges parlementaires en Syrie en tenant compte des confessions religieuses. Mais ce paradoxe entre dans la vision du parti sur l'Islam traduit par l'oukase décrétant que la religion du prince est celle de ses sujets. Sous couvert de socialisme, le Baas instaure un capitalisme d'Etat. Durant la première guerre du Golfe de 1990-1991, le Bass syrien se range du côté de la coalition internationale pour contraindre les forces de Saddam Hussein à quitter le Koweït. Cela dit, que cela soit en Syrie ou en Irak, le Baas se caractérise par son intégrisme ethnique, identitaire et culturel. Il donne à la nation une dimension ethnique et ethniciste. Il refuse de reconnaître les autres composantes culturelles des pays qu'il commande. Il nie la différence. En parallèle, il étouffe l'idée aspirant à créer une nation. Le Baas en Syrie c'est le Parti-nation, et le Parti-Etat. Comme il n'admet pas de pluralisme politique et ainsi le principe d'alternance au pouvoir. Pour garantir sa pérennité au trône, il accapare l'institution militaire. Hafez Al Assad et Saddam Hussein ne sont-ils pas des militaires ? Aujourd'hui, les massacres des manifestants en Syrie retraduit la nature du Baas. Les concessions faites par le président Bachar Al Assad à l'exemple de la levée de l'état d'urgence ne traduit en fait que sa détermination à rester au pouvoir jusqu'à sa mort comme son père Hafez.