Pour les autorités irakiennes, le sanglant attentat de mercredi dernier, qui a fait 95 morts et 600 blessés, porte la signature des bassistes réfugiés à Damas. Les relations entre l'Irak et la Syrie ont connu hier une nouvelle crise avec la décision de Baghdad de rappeler son ambassadeur à Damas pour marquer son exaspération de voir son voisin abriter, selon lui, les donneurs d'ordre des attentats qui tuent ses citoyens. « Le Conseil des ministres a décidé de demander au gouvernement syrien d'extrader Mohammad Younes Al Ahmad et Sattam Farhan pour leur rôle direct dans l'opération terroriste », qui a visé, mercredi, le ministère des Finances à Baghdad, a affirmé le porte-parole, Ali Dabbagh. Cet attentat ainsi qu'un autre contre le ministère des Affaires étrangères ont fait 95 morts et plus de 600 blessés en plein cœur de Baghdad et ont porté un coup dur au Premier ministre, Nouri Al Maliki, qui se targue d'avoir restauré la sécurité dans le pays. Le Conseil des ministres a « également décidé de rappeler l'ambassadeur irakien en Syrie pour consultations », a-t-il ajouté. Les deux hommes cités dans le communiqué, Mohammad Younès Al Ahmad, ancien gouverneur de Mossoul (nord) à l'époque de Saddam Hussein, et Sattam Farhan ont été mis en cause par le principal suspect des attentats arrêté en Irak et dont les « aveux » ont été récemment diffusés. Le gouvernement demande également à la Syrie de lui remettre « toutes les personnes recherchées par la justice qui ont commis des meurtres et des destructions contre les Irakiens et d'expulser les organisations terroristes qui ont fait de la Syrie leur base pour préparer leurs opérations terroristes contre le peuple irakien », ajoute M. Dabbagh. Beaucoup de responsables de l'ancien régime de Saddam Hussein, membres du parti Baas alors au pouvoir, ont trouvé refuge en Syrie, un pays dirigé par une autre branche du parti Baas, après l'invasion dirigée par les Etats-Unis en 2003. Le gouvernement irakien a également chargé le ministère des Affaires étrangères de demander à l'ONU la création d'un tribunal international « pour juger les criminels de guerre qui ont préparé et mener des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité » en Irak. Coup dur pour Al Maliki Le 22 avril à Baghdad, interrogé par un journaliste irakien sur la présence dans son pays de l'ancien haut responsable du parti Baas irakien (aujourd'hui dissous), Mohammad Younès Al Ahmad, le Premier ministre syrien, Mohammad Naji Otri, avait répondu : « Je ne connais pas ce nom (...) Toutes les activités qui conduisent à la déstabilisation de l'Irak est pour nous une ligne rouge ». Mercredi dernier, la Syrie avait condamné « avec force » les attentats et hier, elle a de nouveau affirmé son soutien à la stabilité de l'Irak. Mardi, un quotidien proche de M. Maliki s'en prenait violemment à la Syrie. « Les aveux d'un haut responsable du Baas, directement responsable des crimes de mercredi, a révélé que la Syrie, à notre grand regret, s'est transformée en une base pour détruire l'Irak », écrit Al Bayane. « Il est peu probable que les services de renseignement syriens ne sachent pas ce que planifient les membres du parti Baas (irakien) dissous qui vivent à Damas, dont Sattam Farhan, principal instigateur des attentats », ajoute l'éditorial. Cette nouvelle brouille intervient une semaine après la visite de M. Maliki à Damas, lors de laquelle avait été établi un « haut conseil de coopération stratégique ». Dimanche, Wissam Ali Kazem Ibrahim avait affirmé dans des « aveux » diffusés par les autorités irakiennes être membre du Baas et avoir reçu des ordres d'un ancien responsable du Baas, Sattam Farhan, basé en Syrie pour mener l'attentat de mercredi. Il avait dit appartenir à une des branches du Baas dirigée par Mohammed Younès Al Ahmed. Vendredi, M. Maliki avait accusé « les criminels bassistes et les takfiris (fondamentalistes sunnites), en référence à Al Qaïda, d'agir pour replonger le pays dans un conflit confessionnel ».