À peine le congrès du parti Baas achevé, que le président des Etats-Unis met la Syrie sous pression, exigeant un retrait effectif de ses services de renseignements, qui maintiennent le Liban dans un climat d'intimidation. Emboîtant le pas à George W. Bush, le secrétaire général des Nations unies a décidé, avant-hier, de renvoyer au Liban la commission d'enquête sur l'application de la résolution 1 559, qui exigeait le retrait des forces syriennes de ce pays. Cette annonce survient alors que le président américain, George W. Bush, a lancé un nouvel avertissement à la Syrie, lui enjoignant de retirer les membres de ses services de renseignements du Liban, accusés de créer un climat d'intimidation alors que des élections sont en cours dans ce pays. Pour rappel, le représentant spécial de l'Onu, Terje Roed-Larsen, chargé du suivi de l'application de la résolution du Conseil de sécurité sur le retrait syrien du Liban, avait conclu le mois dernier, à la suite d'une mission de contrôle, à un départ réel de l'armée syrienne de ce pays. Il s'était toutefois montré moins catégorique sur le retrait des membres des services de renseignement, par définition discrets. L'envoyé spécial de Kofi Annan doit être reçu aujourd'hui par le chef de l'Etat syrien. Se basant sur des informations confirmant la présence des services secrets syriens au Liban, alors que Damas assurait les avoir retirés, le patron de la Maison-Blanche a enjoint au régime d'Al-Assad de les retirer rapidement. “Notre message à la Syrie est que si le Liban doit être libre, la Syrie ne doit pas retirer seulement ses soldats mais aussi les membres de ses services de renseignements”, a clamé Bush, qui a précisé que le message émanait également de l'Organisation des Nations unies et de l'ensemble de la communauté internationale. Plus virulent, son porte-parole, Scott McClellan, a mis l'accent sur “l'ingérence et l'intimidation” des Syriens au Liban avant de sommer la Syrie de “respecter dans son intégralité la résolution 1 559 du Conseil de sécurité des Nations unies”. Il a ajouté qu'“il est important que la communauté internationale envoie un message clair à la Syrie pour qu'elle arrête de s'ingérer dans les affaires intérieures du Liban”. Selon McClellan, “il y a des rapports dont nous entendons parler, depuis un certain temps, sur des listes noires syriennes visant l'assassinat de personnalités libanaises politiques et religieuses d'importance”. Le porte-parole du département d'Etat US, Sean McCormack, affirme, quant à lui, que de nouvelles sanctions américaines contre Damas ne sont pas exclues, tel que prévu par le “Syria Accoutability Act”. Les nouvelles pressions américaines surviennent au lendemain de la clôture du congrès Baas qui a permis à Bachar Al-Assad de consolider son pouvoir en s'entourant d'une nouvelle garde rapprochée, à l'issue du congrès du Baas, et a amorcé une timide ouverture. Il a été réélu, jeudi soir à l'unanimité, par les 1 231 délégués, secrétaire général du parti qui gouverne la Syrie depuis 1963. Le Congrès a recommandé l'adoption d'une loi autorisant la création de partis politiques mais assortie de sévères conditions. Il a appelé à la révision de la loi d'urgence, la promulgation d'une nouvelle loi ouvrant la voie à la création de médias privés et prôné une économie sociale de marché. K. ABDELKAMEL