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Les coups fourrés d'El Gueddafi contre l'Algérie
Témoignage d'un ancien officier supérieur de l'ANP
Publié dans El Watan le 25 - 04 - 2011

S'il y a un pays qui a vraiment souffert des agissements du fou El Gueddafi, c'est bel et bien l'Algérie.» C'est en ces termes qu'un ancien officier supérieur de l'ANP, sous le couvert de l'anonymat, a introduit le sujet sur les relations algéro-libyennes.
Ses nombreux «coups fourrés», dit-il, ont fait de lui le chef d'Etat arabe le plus «redouté», notamment pour ses réactions «imprévisibles». «Maître des complots, il aiguise les rébellions touareg dans le Sahel, viole la frontière et finance des opérations militaires contre les intérêts du pays», explique notre source. «C'est durant les années 1990, au moment où l'Algérie faisait l'objet d'un embargo sans nom et avait le plus besoin de ses voisins, qu' El Gueddafi lui a fait le plus de mal. Heureusement, à cette époque, le président Liamine Zeroual a eu des réactions courageuses et intransigeantes…», affirme l'ancien gradé de l'ANP. Il rappelle la position d'El Gueddafi vis-à-vis de la situation du pays au début des années 1990, en affirmant que ce «despote» avait accueilli plusieurs milliers de terroristes recherchés.
Affaiblir l'Algérie
«Ils étaient pris en charge par le régime qui les avait à l'œil. Il ne voulait pas qu'il y ait une quelconque relation avec les islamistes libyens. Il avait comme objectif de les utiliser comme moyen de pression et surtout de déstabilisation contre l'Algérie qui, à l'époque, était sur le point de régler la question de la rébellion touareg, alors que lui il faisait tout, avec l'aide des services français, pour maintenir le statu quo dans la région. La trame de fond de toute sa stratégie est d'affaiblir davantage le pays à travers l'implication des Touareg algériens dans le conflit», note notre interlocuteur. «El Gueddafi n'a jamais digéré le fait que feu Akhamokh, l'Aménokal des Touareg du Hoggar, a toujours refusé de le recevoir ou d'entrer dans ses complots. Il se tourne alors vers les terroristes islamistes qu'il accueille sur son territoire. Des centaines, devenus des milliers par la suite, sont pris en charge. Certains bénéficient d'un entraînement militaire en bonne et due forme. C'est d'ailleurs ces derniers qui ont franchi, l'été 1996, la frontière d'Illizi, en direction de In Aménas, avec comme mission de saboter la base de Sonatrach à In Aménas. L'alerte a été donnée et Zeroual en personne a donné l'ordre à l'état-major de l'ANP de bombarder le convoi à l'aide de l'aviation. Il y a eu des centaines de morts, dont des Libyens, sûrement des militaires qu'El Gueddafi n'a jamais réclamés…» Poursuivant son récit, l'officier raconte qu'une année plus tard, en octobre 1997, à la veille des premières élections pluralistes, les troupes d'El Gueddafi pénètrent dans le territoire national. «Il était minuit passé, et alors que les forces de l'ANP étaient occupées par le scrutin, des chars libyens franchissent le territoire. C'est l'état d'alerte à la 4e Région militaire. La riposte est fulgurante d'abord par les forces terrestres, mais aussi par les bombardiers de l'armée de l'air qui ont survolé durant des heures l'espace aérien libyen sur ordre de Liamine Zeroual. El Gueddafi a eu peur.»
Les relations avec El Gueddafi ont changé
Il a appelé Hosni Moubarak pour intercéder auprès de Zeroual, lequel a répondu : «Nous ne sommes pas une armée d'occupation, mais il faut qu'El Gueddafi reste tranquille sinon nous pouvons aller jusqu'à Tripoli, lui faire payer ses connivences avec les services français pour déstabiliser le flanc sud du pays», révèle la même source. Elle rappelle que c'est Liamine Zeroual qui a obligé El Gueddafi à s'acquitter d'une taxe annuelle de 500 millions de dollars, en dédommagement du pompage de l'eau du bassin d'Illizi, dans le cadre de son fameux «grand lac artificiel». «Des études ont montré que les 5000 milliards de mètres cubes d'eau de ce fameux grand lac étaient puisées de la nappe du bassin d'Illizi. Zeroual a envoyé un émissaire chez El Gueddafi, le sommant de payer pour l'eau qu'il pompe illégalement.
Sachant qu'il a affaire à un militaire qui ne recule devant rien, El Gueddafi a proposé la somme de 500 millions de dollars, comme taxe d'exploitation annuelle à verser à l'Algérie et c'est pour mettre en exécution cet accord qu'une commission mixte algéro-libyenne a été installée quelque temps plus tard…», déclare l'officier. Avec l'arrivée de Bouteflika au pouvoir, précise-t-il, les relations avec El Gueddafi ont changé. «En fait, Bouteflika a préféré plutôt l'avoir comme ami que comme ennemi, dans l'espoir de le retirer de l'influence des services français, notamment la DGSE. Il le ménageait d'une manière incroyable. Il lui a même facilité l'accès au marché algérien, puisque des sociétés appartenant aux Gueddafi ont investi dans l'hôtellerie et les banques…», note l'officier. Malgré cela, le côté «machiavélique» d'El Gueddafi a persisté. «Il a continué à jouer au pyromane avec la rébellion au nord du Mali et du Niger. L'argent qu'il a dépensé pour faire rallier les Touareg à sa stratégie est incroyable. L'été dernier, il a reconnu la marocaineté du Sahara occidental, et quelques mois après il a promis des fonds et de l'aide au Polisario.
Quelques semaines avant les évènements, il avait déclaré qu'Al Qaîda n'existait pas et que c'est une création des Etats voisins. Visait-il l'Algérie ? Nous n'en savons rien. Toujours est-il qu'il continuait à faire dans la déstabilisation. Il a promis officiellement de libérer les 50 Algériens détenus en Libye, mais à la fin il conditionne leur transfert par la libération d'une vingtaine de terroristes libyens en prison en Algérie. Son départ est considéré comme une épine arrachée du pied de tous les régimes de la région. Le défendre aujourd'hui est impensable et inacceptable, sauf s'il y a des intérêts derrière. Cependant, nous avons des informations qui prouvent que derrière ce qui se passe en Libye, il y a quelque chose qui se trame contre l'Algérie. Elle est préparée par les mêmes laboratoires qui aidaient El Gueddafi à comploter contre le pays et l'avenir nous le dira. C'est pour cela que l'armée est actuellement en état d'alerte maximum…», conclut l'ancien officier, sans pour autant donner plus de détails.


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