Mardi noir. Mouâmmar El Gueddafi a totalement montré sa véritable personnalité au monde entier en menaçant le peuple libyen d'un bain de sang s'il continuait à s'opposer à sa dictature. Sur le petit écran, nous avons vu un être extrêmement dangereux, rappelant Hitler durant les derniers mois de sa vie. L'homme à la mégalomanie sans limites, au point de s'autoproclamer «roi des rois d'Afrique». Contre le peuple libyen, le continent et même le reste de la planète ont souffert de ses folies. El Gueddafi a mené une politique de déstabilisation qui n'a épargné ni ses voisins ni des pays lointains. Avec un discours officiel progressiste, il agissait par contre en sous-main pour soutenir des dictatures. Nous l'avons vu en 1972 lors d'une tentative de coup d'Etat contre le dictateur Djaffar Noumeyri. Ce dernier avait accusé le Parti communiste soudanais d'être derrière l'opération. Son chef, Abdelkhalek Mahjoub, s'est vu alors contraint de fuir et se réfugier en Libye. Le maître de Tripoli n'avait pas hésité : il l'a livré à Khartoum où il a été pendu sans procès. A partir de cette époque, El Gueddafi a déclenché une véritable offensive terroriste contre l'Afrique. On l'a vu, entre autres, financer des groupes armés d'opposition en Afrique subsaharienne. Il s'est même mis à jouer à l'apprenti-colonisateur en envahissant le nord du Tchad qu'il a voulu annexer à cause de ses ressources en eau. L'armée tchadienne, malgré ses faibles moyens, a mis en déroute les troupes libyennes pourtant suréquipées. En 1976, il a même osé provoquer l'Egypte. Celle-ci riposte de façon foudroyante. N'était l'intervention de Boumediène auprès de Anouar El Sadate, à l'époque, l'armée égyptienne aurait occupé Tripoli. Mais il n'a jamais voulu tirer les leçons. C'est ainsi qu'il a cherché à déstabiliser l'Algérie en tentant de créer une dissidence dans le Sud. Les habitants de cette région ont déjoué le complot, mais «le fou de Tripoli» n'a jamais renoncé à son délire de création d'un Etat saharien dont il prendrait la tête. Sa folie destructrice ne s'arrête pas là. C'est lui, en effet, qui a ordonné la destruction d'un avion d'UTA en 1988, au-dessus du Niger, tuant tous ses passagers. Quand sa culpabilité a été établie, il a indemnisé les familles des victimes européennes, mais pas africaines et arabes, signe de sa lâcheté. Une armée plus tard, El Gueddafi récidive en faisant détruire un avion de la PanAm au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie. Tous les passagers avaient péri. Mais craignant des représailles terribles des Américains, il a grassement indemnisé les familles des victimes et, pour masquer sa culpabilité, il a livré à l'Ecosse l'organisateur de l'attentat. Ses pulsions criminelles l'ont poussé jusqu'à arrêter, en 1978, l'imam chiite libanais Moussa Sadr, un respectable vieillard dont il était pourtant l'invité. Avec trois de ses compagnons, il a été assassiné et enterré dans le désert libyen. Contre toute évidence, El Gueddafi avait prétendu, à l'époque, que ce vénérable homme de religion avait quitté la Libye pour l'Italie. Le chef de Tripoli a même essayé de déstabiliser la lointaine Afrique du Sud. En effet, quand Nelson Mandela a été libéré, il a ouvert en Libye des camps d'entraînement pour le Panafrican Congress (PAC), un parti anti-apartheid rival de l'ANC, mais qui n'avait aucune base sociale ou politique. Son objectif était de créer la guerre civile en Afrique du Sud après la chute du pouvoir raciste. Il a arrêté net quand le pot aux roses a été découvert. Mais El Gueddafi a surtout fait une fixation sur l'Algérie, un pays qu'il a cherché à déstabiliser à tout prix alors que les dirigeants algériens n'ont eu de cesse de le couvrir. Comme nous l'avons fait remarquer précédemment, il a toujours rêvé de créer un Etat saharien au détriment de l'Algérie. Pour cela, il a tenté à plusieurs reprises d'armer les populations du Sud contre le reste du pays, mais celles-ci n'auraient jamais accepté de marcher dans ses combines et les avaient dénoncées aux autorités algériennes. Une fois, ils avaient même arrêté des militaires libyens qui tentaient de les soudoyer et les ont livrés à l'ANP. El Gueddafi a fait la chasse aux islamistes libyens et les pendait sur les places publiques sans aucune forme de procès. Ne reculant pas devant les contradictions, il a par contre appuyé les terroristes du GIA et de l'AIS. Ces derniers recevaient une formation militaire dans des camps ouverts à leur intention par le criminel El Béchir au Soudan. Ils rentraient ensuite en Algérie en traversant la Libye avec la complicité des services secrets libyens. Au début des années 1990, El Gueddafi a également ouvert des camps d'entraînement de terroristes marocains au sud de Tripoli. Ce n'est qu'après les attentats du 11 septembre qu'il a commencé à virer, ayant vu que les Américains n'ont pas hésité à envahir l'Irak et à arrêter Saddam Hussein. Ayant eu peur de subir le même sort, il a fait une volte-face totale pour avoir la paix du côté de la Maison-Blanche. Aujourd'hui, comme Néron à son époque avec Rome, il veut brûler la Libye et ses puits de pétrole. Avant lui, Saddam Hussein, qui doit sans doute l'inspirer, n'avait-il pas incendié les puits koweitiens ?