Pour atténuer les sempiternelles contraintes auxquelles se heurtent les PME algériennes quant à l'accès aux crédits bancaires classiques, le gouvernement semble miser grandement sur une diversification des modes de financement de l'investissement, mettant surtout en avant l'alternative du leasing, dont le développement reste encore embryonnaire en Algérie. Ainsi, dans le cadre de la politique d'apaisement que l'Exécutif en place tente de mettre en marche en réponse au contexte de défiance populaire de ces derniers mois, de nombreuses mesures ont été décidées en Conseil des ministres en faveur des petites et moyennes entreprises, notamment celles visant à booster le dispositif Ansej ainsi que la création de sociétés de leasing publiques. Celles-ci commencent d'ailleurs à voir le jour sur un marché jusque- là confiné entre un nombre limité d'intervenants. Première filiale publique de leasing à être désormais opérationnelle, la Société nationale de leasing (SNL) annonce, par le biais de son directeur général, Mohamed Krim, cité par l'APS, qu'elle cible déjà plus de 600 000 PME opérationnelles «pour leur offrir de nouvelles possibilités de financement à moyen terme». «Nous avons dix dossiers en cours de traitement, dont deux ont déjà fait l'objet d'une décision», précise encore la même source. Autre structure publique à s'implanter sur ce nouveau marché, la Société de refinancement hypothécaire (SRH), autorisée en mars dernier par le Conseil de la monnaie et du crédit à développer des activités de leasing immobilier, a, elle aussi entrepris depuis peu la mise en place de ce mode de financement. «Nous avons entamé l'opération de leasing le 13 avril en cours et nous avons déjà reçu quelques demandes. Nous avons 4 contrats en cours de discussion, dont un qui doit être signé cette semaine avec une entreprise privée», a en effet affirmé le PDG de la SRH, Abdelkader Beltas, dans une déclaration à l'APS. «Notre objectif, a-t-il précisé, est d'accompagner les professionnels qui ont au moins 3 ans d'activité, pour le développement de leurs entreprises et nous leur offrons pour cela un financement à long terme allant de 5 à 15 ans. C'est ce type de financement qui manque sur le marché actuellement». Aux côtés de la SNL et de la SRH, une autre société publique de leasing, dénommée Ijar leasing Algérie, dont le capital est détenu par la BEA et Banco Esperito Santo du Portugal, devra aussi intégrer le marché local en juin prochain, selon l'APS. Ces nouveaux intervenants viendront ainsi conforter le marché peu étoffé du leasing en Algérie, où opéraient jusque-là un nombre très réduit d'établissements financiers, à savoir Maghreb leasing Algérie (MLA), Arab leasing corporation (ALC), Sofinance ainsi que quelques banques étrangères. En tout et pour tout, l'activité de leasing en Algérie pèse à peine 10% des financements bancaires, selon les chiffres de l'ABEF repris par l'APS.Mode de financement avantageux pour les PME, le leasing ou crédit-bail qui, en termes plus simples, consiste en des opérations financières de location-vente d'équipements, offre notamment la possibilité de financer des investissements d'entreprises sans recourir à une forte mobilisation de fonds. Aussi, en œuvrant à booster ce type de financement, le gouvernement tente surtout de contourner les entraves parfois insurmontables qui caractérisent l'accès aux ressources bancaires à moyen et long terme, notamment pour les PME. Reste que ce mode de financement, tout comme les démarches visant à mettre à profit la Bourse d'Alger pour participer au financement de l'investissement, risque de ne pas susciter grand intérêt tant les sphères bancaire et économique locales peinent à intégrer de nouveaux usages.