Un attentat, attribué à un kamikaze par un officiel marocain, a fait au moins 15 morts, dont 12 étrangers, hier à Marrakech, dans un café de la place Jamâa El Fna, haut lieu du tourisme au Maroc. Selon les premiers éléments de sources médicales et officielles, douze étrangers, dont cinq femmes, et trois Marocains ont été tués par la déflagration à la mi-journée, qui a fait également une vingtaine de blessés. «Les éléments de l'enquête que nous avons permettent d'affirmer que c'est la thèse de l'attentat qui prévaut», a indiqué un responsable du ministère de l'Intérieur sous le couvert de l'anonymat. Un responsable de la préfecture de Marrakech a précisé que «selon les informations en ma possession, il pourrait s'agir d'un acte perpétré par un kamikaze». «Nous avons trouvé des clous dans l'un des corps», a-t-il ajouté, suggérant que la bombe était composée d'explosifs et de morceaux d'acier. «Il s'agit d'un acte terroriste, un acte criminel délibéré», a déclaré le ministre de la Communication, Khalid Naciri. L'attentat a visé le café-restaurant Argana, un lieu très fréquenté par les visiteurs étrangers, sur la célèbre place Jamâa El Fna, au centre de Marrakech, la grande ville touristique à 350 km au sud de Rabat. L'explosion s'est «effectivement produite sur la terrasse du café», a assuré Latifa Idrissi, la femme d'un serveur tué dans l'attentat. «Le patron du café a été grièvement blessé. Il est actuellement à l'hôpital», a ajouté Mme Idrissi. Selon un client du café, sorti indemne de l'attentat, «un individu est entré au café. Il a commandé un jus d'orange et quelques minutes plus tard, il s'est fait exploser». Selon un autre témoin, joint par téléphone, «tout le premier étage du café Argana a été endommagé», alors que des touristes y étaient installés pour avoir une vue d'ensemble sur la place. «On ne peut pas pour l'instant déterminer avec précision l'identité de toutes les victimes», a précisé une source médicale ayant requis l'anonymat. «Nous attendons l'autorisation du parquet pour procéder à l'identification des corps», a ajouté cette source médicale. Cette explosion intervient huit ans après des attentats menés par des extrémistes islamistes le 16 mai 2003 à Casablanca. En 2007, une tentative d'attentat avait été déjouée toujours à Casablanca et l'un des trois kamikazes avait été tué. A la mi-avril, le roi Mohammed VI avait gracié de nombreux détenus politiques, dont des islamistes, dans un geste d'apaisement à l'égard des contestataires qui exigent des changements politiques profonds