Profitant de la commémoration des événements du 11 décembre 1960, Mustapha Bougouba, ancien combattant de l'ALN, est revenu hier, lors d'une conférence de presse animée au hall de la salle Ibn Khaldoun, à Alger, sur la question des faux moudjahidine, en annonçant la publication prochaine d'un livre sur ce scandale. Mustapha Bougouba a dénoncé « la campagne de dénigrement » dont il a fait l'objet après la diffusion d'un document officiel de l'Armée française, le présentant comme étant un de ses anciens collaborateurs. « J'ai saisi les autorités militaires françaises sur ces informations et leur réponse est contenue dans ce jugement par un tribunal militaire... », a-t-il déclaré en exhibant le jugement à la presse. L'orateur a accusé le ministre des Moudjahidine et certains responsables de son département d'avoir confectionné ce faux document, précisant qu'une plainte sera déposée contre eux pour faux et usage de faux. Bougouba a fustigé l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) qui, selon lui, « a remplacé le parti unique avec ses pratiques et ses dérives, au point d'avoir cautionné et aidé le développement du phénomène des faux combattants de l'ALN ». Il a indiqué qu'à la fin du mandat du président Houari Boumediène, l'effectif des anciens de l'ALN ne dépassait pas 75 000 membres et 250 000 avec tous les ayants droit. « Aujourd'hui, ce nombre a dépassé largement un million, avec tout ce que cela suppose comme dépenses assumées par le Trésor public en matière de pension et privilège. » Bougouba a rappelé que « le dernier congrès de l'ONM s'est tenu avec trois années de retard, à cause des problèmes causés par les fausses attestations communales ». Revenant sur le contenu de son livre, l'ancien combattant de l'ALN a déclaré qu'il « s'agit d'un récit relatif à la guerre de libération depuis le 2 novembre 1954 à ce jour. J'ai expliqué pourquoi le pays se retrouve aujourd'hui dans la situation de crise actuelle, mais aussi qui sont ces officiers qui, de Koléa à Saint Cyr, sont revenus pour constituer la troisième force et occuper après l'indépendance de hauts postes de responsabilité au sein des institutions de l'Etat. Ils sont partout, dans tous les secteurs stratégiques et agissent dans l'ombre ». Interrogé sur cette fameuse liste dont il parle depuis près de 5 ans, Bougouba a répondu : « J'ai déjà révélé les noms de l'ancien chef de l'état-major, le général de corps d'armée, Mohamed Lamari, ainsi que le général-major Touati, tous les deux mis à la retraite. Je n'ai pas envie d'exhiber toutes mes cartes. Vous lirez les détails dans le livre qui va sortir incessamment... » L'orateur a précisé, par ailleurs, que le combat qu'il mène depuis 2000, pour « l'assainissement » des rangs des moudjahidine est arrivé presque à sa fin, avec la publication de son livre. « Ce dernier sera ma dernière cartouche. Depuis que j'ai commencé cette lutte, j'ai subi toute forme d'intimidation, de menace et de pression. Ce que je devais faire a été fait, ne serait-ce que pour préserver la mémoire de ceux qui sont morts et l'histoire de notre pays... », a-t-il conclu sa conférence de presse.