C'est sur fond de contestation et de dénonciation que l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) tiendra son 10e congrès du 1er au 3 décembre prochain, au Palais des nations, à Alger. Dans une conférence de presse prévue aujourd'hui, Mustapha Bougouba, ancien combattant de l'ALN et responsable de l'ONM à Tipaza, a choisi exprès cette date pour revenir sur l'affaire des faux moudjahidine, mais également sur la tenue du 10e congrès de l'ONM, qui, selon lui, « est en porte-à-faux avec le statut de l'organisation ». A cette conférence, prendront part d'anciens officiers de l'ALN de l'est, de l'ouest et du sud du pays mais également un représentant de l'ambassade de France, invité par M. Bougouba, « pour donner des précisions sur le nombre exact de harkis recensés par l'administration coloniale ». Lors de sa dernière sortie médiatique, il y a un mois, M. Bougouba avait porté de graves accusations à l'encontre de certains responsables de l'institution militaire, lesquels, selon lui, « exerçaient dans les rangs des services spéciaux français quelque temps seulement avant l'indépendance du pays et se sont retrouvés aujourd'hui au sommet de l'ANP ». Exhibant des papiers justifiant ses propos, il a cité comme exemples, les cas de l'ex-chef d'état-major, Mohamed Lamari et le général Touati, conseiller à la Présidence de la République. « Depuis le 16 septembre 1988, je ne cesse d'attirer l'attention des plus hauts responsables, y compris des officiers supérieurs de l'ANP rattachés à la Présidence de la République, mais à ce jour le dossier des faux moudjahidine reste fermé à l'opinion publique... », a-t-il déclaré. Il a noté que le nombre de 10 000 faux anciens combattants de l'ALN, avancé par le ministre des Moudjahidine, M.Cherif Abbas, récemment lors des festivités du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution, « reste très loin de la réalité. Nos investigations montrent qu'il y a plus d'un million de faux moudjahidine et faux ayants droit. Les vrais ne représentent que 400 000 à 500 000 seulement. Nous savons qu'il y a 2 millions de pensions d'anciens moudjahidine. Nous voulons que ce dossier soit pris en charge pour assainir les rangs, diminuer le lourd fardeau qui pèse sur le Trésor public et surtout débusquer tous les anciens harkis qui occupent actuellement des postes de responsabilité au sein des institutions de l'Etat. » Au sujet de la liste de ces derniers, M. Bougouba a affirmé détenir tous les noms et assuré qu'il les rendra publics en temps opportun. « Si je ne peux les divulguer maintenant, c'est parce que beaucoup d'entre eux représentent le sommet de l'Etat », a-t-il expliqué. Abordant la question de la tenue du 10e congrès de l'ONM, il a mis en garde les organisateurs de cette rencontre en disant : « L'actuelle direction de l'ONM n'assainit pas ses rangs et ne prend pas position par rapport à ce grave problème de faux moudjahidine, l'Organisation est appelée à disparaître, et avec elle c'est l'histoire de la Révolution qui restera pervertie à tout jamais. Ce congrès ne peut se tenir sans qu'une véritable purge ne soit opérée... ». Dans ce cadre, M. Bougouba et l'ensemble de ses compagnons comptent prendre part « de force » aux travaux « dans le but de dévoiler à l'opinion publique les conditions de la tenue du 10e congrès ». M. Bougouba a tenu à relever que déjà un grand nombre de vrais moudjahidine, notamment d'anciens officiers de l'ALN, ont exprimé leur « rejet » de ce congrès, dont la tenue, d'après toujours ses propos, risque sérieusement d'être perturbée.