L'affaire des faux moudjahidine refait surface. Une dizaine d'anciens combattants de la Révolution, à leur tête Mustapha Bougouba, ont alerté hier l'opinion publique et les autorités sur « les conséquences » qui pourraient découler de la tenue du prochain congrès de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM). « Si l'épuration des rangs de l'organisation n'est pas faite, le congrès n'aura pas lieu. Comment accepter qu'un ancien agent des services français spéciaux puisse être chargé de l'organisation de cette rencontre ? Nous venons de déposer notre plate-forme de revendications au secrétariat national de l'ONM, celle-là même qui a été remise, il y près de deux ans, au président de la République. Nous voulons que les faux moudjahidine, ceux-là même qui occupent les plus hautes fonctions de l'Etat et de l'organisation, soient dévoilés et punis, sinon nous occuperons la rue avec des marches de protestation et des sit-in », a déclaré Mustapha Bougouba dans sa conférence de presse animée dans la cour de la maison de la presse Tahar Djaout. Paré d'une tenue de combat, ce dernier n'est pas allé avec le dos de la cuillère contre les responsables de l'ONM, auxquels il ne reconnaît pas le statut de la légitimité historique. « Nous avions demandé une épuration des rangs, ils ont chassé les moudjahidine qui ont osé dénoncer le fléau des faussaires. Nous voulons que tous les vrais anciens combattants soient invités au congrès », a-t-il soutenu. Ses compagnons de Béchar, de Khenchela, de Mostaganem, de Tipaza, de Guelma et de Chlef ont abondé dans le même sens, mais en revenant sur les noms des moudjahidine connus dans leurs régions comme étant des faussaires. Selon ces derniers, le nombre de faux moudjahidine, de fausses veuves de chahid et de faux enfants de chahid a atteint 1,7 million, « mais tout le monde refuse d'ouvrir ce dossier de peur de ses conséquences ». Mustapha Bougouba a estimé que les lettres qu'il a adressées à M. Bouteflika « ont reçu un écho favorable puisque des instructions ont été données à de hauts responsables de l'institution militaire et du ministère des Moudjahidine pour enquêter sur le sujet. Malheureusement, M. Bouteflika souffre des blocages bureaucratiques dressés par ceux-là même qui risquent d'être dévoilés. J'ai réussi grâce aux informations fournies par mes soins au Président de faire partir le chef d'état-major, le général Mohamed Lamari ; et le tour des autres est pour bientôt ». Mohamed Bougouba et ses accompagnateurs ont quitté la Maison de la presse en promettant de revenir sur cette affaire avant les festivités du cinquantième anniversaire du déclenchement de la Révolution. « Il y va de l'histoire de notre Révolution et de l'avenir de notre pays », ont-ils expliqué.