L'accent a été mis sur le détournement de la procédure d'instruction avec, pour finalité, «la mise à mort civile et juridique de Senouci». Les plaidoiries des avocats dans le procès de l'affaire des 28 quintaux de kif saisis à Tlemcen, qui se tient au tribunal criminel de Sidi Bel Abbès, ont pris fin hier. Le verdict de ce procès qui a vu défilé une vingtaine de prévenus dont 9 policiers et officiers de police - parmi lesquels l'ex-chef de la sûreté de la wilaya de Tlemcen -, devait tomber hier en fin de journée, après une dizaine de jours d'auditions et de plaidoiries. Les chefs d'accusation retenus contre les prévenus sont, entre autres, l'«importation et la commercialisation de drogue» et la «falsification et la complicité de trafic de drogue». Avant-hier, dans une salle d'audience comble, Me Fahim, avocat de l'ex-chef de la sûreté de la wilaya de Tlemcen, Senouci Mohamed, intervient en premier, axant sa plaidoirie sur le résultat de l'expertise en écriture réalisée par le laboratoire de police d'Oran. «Pourquoi les experts du laboratoire d'Oran n'ont pas fait de contre-expertises?», s'interroge-t-il. Me Brahim a mis l'accent, dans sa plaidoirie, sur le détournement pur et simple de la procédure d'instruction avec, pour finalité, «la mise à mort civil et juridique de Senouci». Il s'est dit également convaincu que les accusations portées à l'encontre de Senouci relèvent du règlement de compte, «dont le seul tort est d'avoir bousculé un ordre établi et menacé de gros intérêts en relation avec le trafic de stupéfiants». Il constate, à ce propos, que l'un des témoins-clés de cette affaire, en l'occurrence le chef du service de lutte contre les stupéfiants de Maghnia, M.Boumadani, n'a pas été entendu bien qu'il ait été souvent cité tout au long du procès. Graves irrégularités «Lorsqu'un policier déclare avoir été torturé par un cadre de la DGSN (Boumadani, ndlr) pour enfoncer Senouci et que personne ne trouve rien à redire, cela fait vraiment peur et nous amène à nous interroger sur la responsabilité du parquet face à ce genre de pratiques infamantes», dira-t-il. Concernant la perpétuité requise par l'avocat général à l'encontre Senouci, Me Brahimi a estimé qu'elle est incompréhensible. «Sur le plan du droit, le traitement de ce dossier est entaché de plusieurs irrégularités graves», poursuit-il. Senouci a, lors de son audition, publiquement déclaré que «cette affaire a été montée de toutes pièces par Boumadani et le wali de Tlemcen». Me Othmani, est revenu dans sa plaidoirie sur l'absence de Boumadani, convoqué en tant que témoin à ce procès. «Boumadani est-il un super-citoyen, son témoignage risquait-il de donner un autre cours à ce procès?», se demande-t-il, avant de s'en prendre sévèrement au réquisitoire de l'avocat général. «En requérant la perpétuité contre Senouci, vous avez clairement dit que vous supposiez qu'il était complice dans un trafic de drogue. Est-ce le fait de supposer, sans apporter la moindre preuve matérielle de sa culpabilité, vous donne le droit l'avocat général de requérir la perpétuité?» lance-t-il à l'avocat général, Hadj Hani. Rappelons qu'une peine de réclusion à perpétuité a été requise contre B. Boubekeur, H. Nouredine, Senouci Mohamed, M. Saidi, O. Khalfoun, M. Boughaoufala et A. Houari. Pour les officiers Djeffal, Zejar, Menazli et Tahraoui ainsi que l'agent de police Mouss Djamel, l'avocat général a requis 8 ans de réclusion criminelle. Une peine de cinq années de réclusion criminelle a été, par ailleurs, requise contre le dénommé Setaoui et 4 ans de prison contre Z. Abdelkrim.