Le courant ne passe plus entre les syndicats de la santé et leur ministère de tutelle. Après une année à la tête de ce département, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, n'a tenu aucune de ses promesses faites au lendemain de son installation dans son nouveau poste de ministre. Pourtant, Ould Abbès a crié sur tous les toits qu'il a le feu vert du président de la République pour la prise en charge des doléances de l'ensemble des travailleurs de la santé. «Ma carrière politique est derrière moi. Je serai l'avocat des médecins et je m'engage à régler vos problèmes des plus simples aux plus complexes», ce sont là les propos tenus par Ould Abbès lors d'une réunion qui l'a regroupé avec les syndicats du secteur quelques jours après son installation à la tête du ministère de la Santé. Mais une année après, Ould Abbès a avoué son incapacité à prendre en charge les préoccupations des praticiens de la plus simple à la plus difficile. «J'ai les mains liées et je ne détiens pas les solutions de vos problèmes. Vos revendications ne relèvent pas de mes prérogatives, mais de celles de la Fonction publique», a déclaré publiquement le ministre. Ces tergiversations et les contradictions multiples du ministre poussent l'intersyndicale, composée du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) à réinvestir la rue pour arracher leurs droits. Ces deux organisations syndicales tiendront leurs conseils nationaux aujourd'hui pour le SNPSSP et demain pour le SNPSP. Le docteur Merabet, porte-parole du syndicat des praticiens, soutient que la base, vu le mépris des pouvoirs publics, a voté pour le recours à une grève ouverte. «Beaucoup d'établissements hospitaliers sont pour le principe d'une grève illimitée. Nous allons décider demain après la lecture de tous les PV des assemblées générales, de la forme à donner à notre action de protestation qui sera menée en concertation avec le syndicat des praticiens», a confirmé notre interlocuteur qui précise que l'intersyndicale se réunira à la fin des travaux des conseils nationaux des deux syndicats pour synchroniser les actions et mettre au point une stratégie à même de réussir leur mouvement de protestation. Les praticiens sont convaincus que la rue demeure l'ultime recours pour l'aboutissement de leurs revendications. «Nous avons suivi toutes les étapes que le ministre a proposées, mais ce dernier a décidé de se soustraire de cette équation et nous sommes par là même d'aller voir ailleurs. Aujourd'hui il est regrettable de constater que nous sommes revenus à la case départ et nous interpellons le gouvernement sur l'amendement de notre statut», regrette Dr Merabet. D'aucuns pensent que le secteur de la santé souffre de plusieurs maux. Ce département est en éternelle effervescence. Ça brûle de partout : les résidents sont en grève depuis plusieurs mois, les étudiants en pharmacie sont dans le désarroi, les praticiens occupent la rue depuis plus de deux semaines alors que les hospitalo-universitaires menacent de perturber les cours.