L'Algérie devrait dépenser un milliard de dollars en 2011 dans l'importation de blé, a annoncé Nourredine Kehhal, directeur général de l'OAIC. Le gouvernement algérien a décidé de suspendre la taxe sur le blé dur importé en vigueur depuis juillet 2010, a annoncé jeudi dernier Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Intervenant en marge d'une réunion à huis clos avec les membres de la commission de l'agriculture, de la pêche et de l'environnement de l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a imputé, sans trop de détails, cette décision à la hausse des prix sur le marché international. Jeudi, les cours du blé tendre ont atteint le seuil des 233-235 dollars la tonne, alors que le blé dur s'échangeait à 245 dollars la tonne sur le marché européen. La presse nationale avait récemment rapporté, citant le patron du groupe agroalimentaire SIM, que la taxe sur le blé dur importé a été supprimée. M. Benaïssa a démenti cette information, affirmant qu'il s'agit d'une suspension et non pas de «suppression». Pour autant, le ministre n'a pas précisé la durée de suspension. Introduite dans le cadre de la loi de finance complémentaire 2010, la taxe concernait le blé dur importé à un prix inférieur à celui pratiqué par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), à savoir 2500 DA le quintal. Cette taxe, seulement à la charge des importateurs, ne concernait pas les importations de l'OAIC. En instaurant cette mesure, le gouvernement entendait assurer l'écoulement des stocks de l'office public des céréales et protéger ainsi la production nationale. En 2008-2009, l'Algérie a enregistré une production record de 61,2 millions de quintaux, dont 24 millions de quintaux de blé dur. Toutefois, les transformateurs se plaignent souvent que le blé dur produit localement ne réponde pas aux «exigences» de fabrication des pâtes alimentaires. Malgré d'ailleurs la taxe qui leur est imposée, certains transformateurs préfèrent recourir aux marchés internationaux pour s'approvisionner. L'Office algérien des céréales avait exprimé, il y a une année, une certaine colère vis-à-vis des importateurs privés et des industriels de transformation alimentaires, leur reprochant de s'approvisionner à l'étranger, faisant fi des stocks abondants de blé dur. Après les méventes enregistrées en 2009, le gouvernement avait sommé les minotiers de s'approvisionner uniquement auprès des CCLS de leur localité et non plus par la voie de l'importation, sous peine de ne plus bénéficier de prix d'enlèvement soutenus ou bien de voir leur quota de blé réduit en volume. Ce fut la raison pour laquelle le gouvernement a eu recours à l'institution de ladite taxe avant de faire marche arrière. Dernier signe de tension sur un produit de large consommation : à l'approche de la saison estivale, certains transformateurs ont exprimé leurs craintes d'une éventuelle pénurie de blé dur. Le mercredi 20 avril, le ministre de l'Agriculture avait vite assuré que le blé dur était disponible et que l'approvisionnement du marché était régulier. L'Algérie devrait dépenser un milliard de dollars en 2011 dans l'importation de blé, a annoncé Nourredine Kehhal, directeur général de l'OAIC. Interpellé par ailleurs sur l'anticipation de l'Algérie d'importer de l'orge après plus de deux ans d'excédent, M. Benaïssa a soutenu que le gouvernement avait «triplé» depuis janvier dernier les quantités d'orge destinées aux éleveurs. Ces derniers sont aux abois après la réduction du couvert végétal en raison de la sécheresse qui sévit depuis fin 2010 dans les zones agropastorales. «Dans cette situation, il est tout à fait normal qu'on importe ce dont on a besoin. Aujourd'hui, la situation est favorable pour reconstituer nos stocks», a encore estimé le ministre, rappelant que «cela se fait aussi dans les grands pays producteurs». L'OAIC vient de lancer un appel d'offres international pour une importation massive de 50 000 tonnes d'orge.