Sur les 40 millions de personnes qui portent le virus du sida dans le monde, seule une sur dix est au courant de sa maladie. C'est ce qu'a noté le dernier rapport annuel de l'ONU sur la propagation du sida dans le monde. « Cet état de fait est applicable à l'Algérie », précise le docteur Samia Lounès Belacel, représentante de l'Onusida en Algérie, hier, lors d'une journée portes ouvertes organisées à l'université Youcef Benkheda (Alger). De ce point de vue, le programme de lutte de l'ONU, mis en place depuis 1996, n'a toujours pas influé sur la propagation de l'épidémie du sida. Le manque d'informations fiables et de sensibilisation a beaucoup favorisé l'épidémie la plus dévastatrice que l'humanité ait connue. De son côté, le docteur Dif, président du Comité national de la lutte contre le sida et médecin à l'hôpital d'El Kettar (Alger), trouve que l'on n'en parle pas assez en Algérie. Selon lui, « le principal vecteur de la maladie dans notre pays reste la transmission sexuelle sous toutes ses déclinaisons ». Le docteur précise que les seules méthodes de prévention sont l'abstinence, la fidélité ou l'usage du préservatif dans les rapports sexuels. « Les statistiques concernant les cas de sida en Algérie sont très en deçà de la réalité », indique-t-il. M. Dif insiste, notamment, sur l'apport de la société civile dans la lutte contre le sida : « La société civile doit s'organiser. Les associations doivent prendre sur elles d'expliquer le problème aux gens, notamment les jeunes, souvent sujets à des comportements risqués. » M. Zeddam, président de l'association Aids, soutient qu'il ne faut pas trop dramatiser les choses tout en donnant une bonne information aux citoyens. « En diabolisant, on empêche les gens d'aller vers l'information. » M. Zeddam a énuméré un certain nombre d'obstacles à la prévention en insistant sur le manque de prise en charge des malades. « Le sida n'est pas considéré comme étant une maladie chronique et il n'est pas déclaré à la sécurité sociale. Le secret et la confidentialité chez le personnel soignant ne sont pas toujours de mise. L'accompagnement psycho-social des personnes porteurs du virus, que ce soit au sein de la famille, à l'école ou au travail, est inexistant », résume-t-il.