Pour une population de 60 000 habitants, les petites infrastructures sanitaires dont dispose la commune de Boudouaou, sont très en deçà des besoins exprimés quotidiennement. Une seule polyclinique au chef-lieu de daïra, très insuffisamment dotée en moyens matériels et humains, ne peut répondre de manière satisfaisante aux centaines de malades qui la sollicitent chaque jour. Les petites unités de soins de proximité comme celles des cités Soummam et du 20-Août n'ouvrent que de la journée pour des prestations tout aussi limitées. «Une ville comme Boudouaou doit avoir un petit hôpital avec tous les services médicaux de base. Est-il admissible que des femmes enceintes soient obligées de faire leur suivi en gynécologie chez des privés, parce que ce service est pratiquement absent dans toutes les structures sanitaires de la wilaya ?», s'interroge un habitant de la ville. Les autorités promettaient depuis 2007 un hôpital pour Boudouaou, mais jusqu'ici rien de concret. «Tout reste au stade de la parole», dira un médecin exerçant dans le secteur public. Cette situation incommode sévèrement la population. Il faut toujours que les citoyens se débrouillent par eux-mêmes pour évacuer leurs malades. «Lorsque j'ai un malade, je préfère ne pas perdre du temps et l'emmener moi-même dans un hôpital algérois. Pour des cas de pédiatrie, je me déplace toujours à Aïn Taya ou à Belfort, sans même prendre la peine d'aller à la polyclinique de Boudouaou, sachant, par expérience, qu'il n'y a, à ce niveau, ni des moyens humains pour prendre en charge les enfants, ni de transport pour des évacuations. Tout cela est inacceptable. Pourquoi est-on dans l'obligation de recourir à des voisins lorsque l'Etat doit assurer le transport d'une personne malade ?», s'interroge encore notre interlocuteur. «A Boudouaou, c'est une catastrophe !» enchaîne Ahmed, un habitant du centre-ville. Beaucoup d'habitants témoignent du calvaire vécu par des maris qui se sont retrouvés moult fois dans l'obligation d'emmener eux-mêmes leurs épouses, sur le point d'accoucher, vers des hôpitaux lointains.