S'il y a un domaine où l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens en 2011 c'est bien celui des subventions des produits de première nécessité qui coûtent à l'Etat près de 300 milliards de dinars. Pour cette année, il était initialement prévu pour stabiliser les prix du blé, du lait et de l'huile, 93 milliards de dinars, avant que la loi de finances complémentaire ne prévoie une rallonge de 178 milliards de dinars. Le chef de l'Etat avait même instruit le gouvernement pour que les subventions soient élargies aux légumes secs, mais la LFC 2011 n'a rien prévu en la matière. Quoi qu'il en soit, ces subventions destinées à protéger le pouvoir d'achat des ménages et assurer l'accès des couches sociales les plus vulnérables aux produits de première nécessité sont loin de faire l'unanimité, surtout après les dernières augmentations de salaire qui devraient désormais permettre à tout le monde de payer les produits au prix réel du marché, selon certains économistes. Mais pour Rachid Malaoui, président du syndicat national du personnel de la Fonction public, «le fait que l'Etat subventionne malgré les augmentations de salaire est justement une reconnaissance de sa part que la pauvreté est encore présente en Algérie». La question des subventions est d'autant plus controversée que ce soutien profite aussi bien aux riches qu'aux pauvres, ce qui n'est pas juste aux yeux de beaucoup d'observateurs. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, l'a lui-même reconnu le mois dernier, quand il avait déclaré que «le système de subvention en Algérie est trop généreux dans la mesure où il profite à tout le monde et pas aux nécessiteux seulement». Nasser Bouyahiaoui, expert, consultant international affirme à ce propos que «les subventions sont devenues comme une culture chez nous et tout le monde attend que l'Etat le fasse». «Nous ne produisons pas et c'est pour cela qu'on est devenu dépendant de ces subventions», dit-il. Par ailleurs, «le problème est qu'on est en train de subventionner des produits importés. Ça veut dire qu'on est en train d'aider les économies des pays étrangers», déplore notre interlocuteur. Il ajoute qu'avec ces subventions «on fait profiter tout le monde, c'est-à-dire aussi bien le pauvre, le salarié moyen que l'extrême riche, le milliardaire». M. Benbada avait noté que «la philosophie de la subvention veut que l'aide de l'Etat aille à ceux qui la méritent» et dans ce cadre, M. Bouyahiaoui préconise «d'orienter les subventions aux nécessiteux à travers des formules de chèques ou de bons qu'on délivrerait à des ménages à faible revenu ou qui vivent dans la difficulté». Le gouvernement à travers le ministre du Commerce plaide, lui aussi, pour un système de subvention qui profiterait aux plus nécessiteux. L'argument est que «L'Etat a aujourd'hui les moyens de cette politique, mais il pourrait ne plus en avoir les moyens dans le futur». D'où la nécessité de «préparer des alternatives qui visent à faire de la subvention ciblée aux nécessiteux», a dit M. Benbada. Pour le représentant du Snapap, le problème est en revanche beaucoup plus profond que la question des subventions. «On ne peut pas aider les pauvres et les plus défavorisés tant qu'on n'a pas une gestion politique transparente» et tant qu'il n'y a pas la possibilité pour «les gens de choisir librement leurs représentants sur la base de leurs programmes politiques, sociaux et économiques».