Depuis janvier, l'Etat a déboursé 3 milliards de dinars pour stabiliser les prix du sucre et de l'huile. La liste des produits alimentaires subventionnés par l'Etat sera élargie aux légumes secs. Après le prix du pain et du lait, l'Etat étend le domaine de sa générosité. Même les prix du sucre et de l'huile sont plafonnés. Puiser dans les caisses de l'Etat est l'un des remèdes apportés aux maux sociaux. C'est aussi un moyen d'éviter la répétition des évènements de janvier dernier. Ceux-là mêmes qui sont provoqués par les barons du secteur agroalimentaire. Mustapha Benbada, ministre du Commerce, qui était hier matin l'invité de la Chaîne III, a souligné que depuis janvier, le gouvernement a déboursé 3 milliards de dinars pour stabiliser les prix du sucre et de l'huile. Il a révélé que le président de la République a demandé l'élargissement de la liste des produits alimentaires subventionnés, notamment les légumes secs. Il a convenu avec les importateurs que les prix de ces produits restent fixes et il a demandé à l'Office algérien interprofessionnel des céréales de revenir sur le marché en tant qu'acteur principal et d'assurer la fonction de régulation pour que les prix soient supportables pour les citoyens. Le ministre a plaidé en faveur de l'ouverture d'un débat sur la politique de subvention des prix des produits alimentaires. Les smicards et les retraités paient le pain, le lait, l'huile et le sucre au même prix qu'un commerçant ou un cadre. «Notre système de subvention est trop généreux. Il profite à tout le monde», a-t-il affirmé. L'aide de l'Etat doit aller à ceux qui la méritent, alors qu'aujourd'hui tout le monde peut acheter un sachet de lait à 25 dinars, a-t-il expliqué. Il a plaidé pour un système de subventions ciblées devant profiter aux petites bourses. L'Etat pourrait ne pas avoir les moyens pour subventionner les produits de première nécessité, a-t-il suggéré. Le ministre a annoncé que les prix du sucre et de l'huile seront soutenus sur le long terme au même titre que la semoule et le lait. «Nous n'allons pas attendre l'échéance du 31 août 2011 pour revoir les mesures déjà prises. La décision est donc définitive», dira-t-il. La loi de finances complémentaire va prendre en charge les subventions des produits et les mesures de lutte contre le chômage et en faveur du logement. La préparation de l'avant-projet de loi de finances complémentaire devait faire l'objet, hier, d'un conseil interministériel présidé par Ahmed Ouyahia. Le commis de l'Etat a révélé, en outre, avoir demandé aux producteurs de pâtes alimentaires de ne pas augmenter les prix de leurs produits sans concertation avec les pouvoirs publics. «Nous allons introduire cette mesure dans le cahier des charges qui les lie à l'Oaic», a-t-il précisé. Il a illustré ses propos par l'exemple de la défiscalisation de l'importation des matières premières pour les huiles végétales qui va coûter au Trésor public 27 milliards de dinars. Selon le ministre, la subvention globale des produits de première nécessité coûte à l'Etat 300 milliards de dinars annuellement. «Il faut préparer les alternatives pour réduire cette facture», a notamment préconisé Benbada. Le ministre a, par ailleurs, annoncé que le Conseil national de la concurrence (CNC), chargé de réguler les pratiques commerciales sur le marché national, débutera ses activités au cours du second semestre 2011. Les textes relatifs à la création de ce conseil, appelé à gérer les pratiques commerciales et les situations de dominance et de monopole sur le marché, fixées par la loi à 45%, «seront prêts à la fin du mois d'avril et le conseil sera mis en place au cours du deuxième semestre de cette année», a indiqué M.Benbada. Il a également ajouté que le décret régissant le fonctionnement des marchés de gros des fruits et légumes est en cours de révision, en concertation avec l'Union générale des commerçants (Ugcaa). Le ministre a rappelé, à cette occasion, la réalisation de quatre nouveaux marchés nationaux et 10 marchés régionaux de gros. Concernant la spéculation, il a réitéré l'engagement du gouvernement «à lutter contre ce fléau qui passe par la dynamisation de l'appareil de production pour parer à la pénurie et accompagner cette démarche par des réseaux de commercialisation efficaces». De leur côté, «les collectivités locales sont appelées à accompagner ce mouvement par des investissements locaux (marchés couverts et de proximité) afin d'absorber cette spéculation», a ajouté M.Benbada, qui s'attend à une baisse des prix, notamment des fruits et légumes au mois de mai avec l'arrivée des produits de saison.