Les protestataires exigent d'être mis sur un pied d'égalité avec les victimes de la guerre de Libération nationale. Les victimes du terrorisme ont été empêchées hier de tenir leur énième sit-in à Alger. Des dizaines de personnes venues de différentes wilayas se sont regroupées devant l'APN pour exiger la reconnaissance d'un statut aux familles victimes du terrorisme. Tandis qu'une trentaine de personnes ont été confinées pendant des heures devant la salle El Mougar. Vers midi, les agents de police les ont autorisées à rejoindre le groupe qui a été éloigné habilement de l'APN. Les deux groupes se sont rassemblés devant une agence de voyages avant de décider de quitter les lieux, promettant d'autres actions prochainement. Les agents des forces de l'ordre, qui n'ont pas été violents avec les manifestants, ont tout fait pour les isoler. Ils ont même interdit aux citoyens de passer par l'endroit où les manifestants voulaient tenir leur rassemblement. «Je ne suis touché ni par le séisme ni pas les inondations pour qu'on m'appelle victime de la tragédie nationale. Je suis victime du terrorisme et je veux un statut», réclame la représentante des victimes du terrorisme de la wilaya de Mostaganem. Les protestataires qui se disent victimes également des mesures prises par l'Etat dans le cadre de la réconciliation nationale se démarquent de l'Organisation nationale des familles victimes du terrorisme demandant le départ de Fatma-Zohra Flici. «Ils ont fait de nous un fonds de commerce. Nous exigeons à ce que nous soyons sur un pied d'égalité avec les victimes de la guerre de Libération nationale. Les martyrs et les moudjahiddine de cette guerre ont libéré l'Algérie du colonialisme, nos hommes l'ont libérée de l'islamisme», clame une déléguée reçue avec deux autres membres par le député du RND. Les familles des victimes, appartenant aux corps constitués, ainsi que les familles des victimes civiles envisagent de créer une coordination nationale des victimes du terrorisme pour lutter contre leur marginalisation. En plus des problèmes d'ordre financier, les séquelles de la période du terrorisme demeurent visibles sur ces personnes. «Nous ne sommes pas des veuves heureuses pour tourner la page et oublier ce qui s'est passé. Je n'ai pas enterré un chien pour pardonner à ceux qui n'ont pas demandé pardon», s'insurge Mme Radia Ben Daho, épouse d'un journaliste tué le 21 mars 1994. Date que Mme Ben Daho n'oubliera jamais. «Nous réclamons une journée nationale pour les victimes du terrorisme et une stèle pour déposer une gerbe de fleurs à chaque fois que nous voulons rendre hommage aux sauveurs de l'Algérie», revendique-t-elle. Cette dame ne cesse de fustiger l'attitude des députés et des autorités qui refusent de recevoir les victimes du terrorisme.