Les familles victimes du terrorisme, les Patriotes et les policiers révoqués ont décidé d'investir la rue jusqu'à la satisfaction de leurs revendications citées dans des plate-formes transmises aux autorités concernées. Reportage. Une centaine de familles victimes du terrorisme ont observé, hier matin, un sit-in devant le Palais du gouvernement où un dispositif sécuritaire spécial avait été mis en place. Il s'agit pour la plupart de vieilles femmes et d'hommes âgés venus des wilayas de Médéa, Blida, Alger, Relizane, Oran et Mostaganem. Ces familles ont perdu qui un père, qui un mari, qui un fils ou même une famille entière. C'est le cas de Boutbal Mohamed qui a perdu 11 des membres de sa famille en une nuit dans le massacre de Remka et qui est venu réclamer un statut particulier “pour protéger les droits et la mémoire des victimes du terrorisme”. Les familles victimes du terrorisme estiment que leur dossier n'a pas été réglé. D'où le fait de revendiquer un statut particulier, l'augmentation des pensions des veuves. Elles réclament, aussi, la révision en hausse des pensions des blessés qui est à 4 500 DA, d'ailleurs interrompue juste après la mort du blessé, même s'il a laissé des enfants. Jusqu'en fin de l'après-midi d'hier, les familles n'avaient pas encore été reçues par un responsable. “On nous a juste informé que le dossier est à l'étude”, nous ont expliqué les représentants des familles qui ont décidé de quitter les lieux pour rejoindre leur wilaya en menaçant de revenir à la charge une autre fois pour organiser “une journée de la colère” au niveau national en cas de non-satisfaction des revendications. La guerre contre le terrorisme et… “El-Hogra” À quelques mètres du Palais du gouvernement, en contre-bas, des policiers révoqués et des Patriotes ont, eux aussi, observé un sit-in au niveau de la place des Martyrs. “Policiers révoqués, nous voulons la réintégration”, lit-on sur une banderole. Ces ex-policiers ont décidé de se rassembler à cet endroit après avoir été empêchés de manifester devant le siège de la DGSN. Au nombre de 500, ils ont, eux aussi, fait le déplacement depuis plusieurs wilayas. Et ils ne sont pas près de baisser les bras, tant que leurs revendications ne sont pas prises en charge. “On en a marre des promesses, on veut des décisions, une seule : la réintégration dans les rangs de la police”, réclament-ils en rappelant que “nous avons été innocentés par la justice mais sans être réintégrés”. D'autres justifient les erreurs par le fait “qu'on était en guerre, et ce n'est pas facile de poursuivre un terroriste armé et lui tirer dessus, ces terroristes même qu'on considère aujourd'hui comme khaoutna (nos frères), la réconciliation doit être pour tous les fils de l'Algérie”. Plusieurs policiers licenciés déclarent être, aujourd'hui, sans emploi et dans l'incapacité de subvenir aux besoins de leur famille et de leurs enfants. Ce n'est que vers 11h qu'un officier de police de grade de commissaire a informé les délégués que le DGSN a décidé de les recevoir dans un quart d'heure mais l'invitation a créé un mouvement de divergence entre les protestataires qui ont refusé de “négocier”, tout en réclamant des décisions de réintégration et pas de promesses. Finalement une délégation a décidé de répondre au dialogue. Les patriotes, seul Bouteflika… ! Les policiers radiés partageaient hier la place des Martyrs avec les Patriotes venus des différentes régions de la Mitidja où le premier noyau de civils en armes avait été créé à Boufarik. Ils étaient une centaine. Jeunes et vieux et même des femmes sont là pour protester contre “l'ingratitude et l'oubli”. Certains d'entre eux vêtus de tenues militaires, d'autres munis de leurs photos avec des armes Kalachnikov ou couverts de l'emblème national. Le coordinateur national des Patriotes, Merouane Chekroune, nous a expliqué que depuis la remise de la plate-forme de leurs revendications au président de la commission de la défense de l'APN “on n'a reçu aucune réponse, nous sommes toujours ces ridjel wakifoun mais nous travaillons sans assurance”, déplore-t-il, disant que les Patriotes exigent “l'intervention personnelle du président de la République pour régler ce dossier”. De même qu'ils réclament un statut particulier et d'autres avantages similaires à un fonctionnaire de l'armée tels qu'un salaire de base d'un soldat, une prime de risque, la gratuité dans les hôpitaux militaires, la réintégration des Patriotes radiés et la libération des détenus, et “que nos enfants aient droit à l'école des cadets”. Les Patriotes ont refusé le dialogue sur invitation du président de l'APN. “Que des promesses depuis 1999 ! Cette fois, le Président doit régler le dossier une bonne fois pour toutes”, tranche Chekroune en s'adressant à ses collègues, des Patriotes qui ont décidé de passer la nuit dans ce lieu au moment où d'autres Patriotes ont décidé de se rassembler aujourd'hui devant le Conseil de la nation. NEILA B.